Le directeur d’une société de pompes funèbres et un livreur de légumes bio n’ont rien en commun. Un homme qui ne se vie qu’à travers son travail et un esprit vif qui ne cherche qu’à lire des livres de philosophie non plus. Et puisqu’ils n’ont rien en commun, aucun risque qu’ils se rencontrent. Sauf que, comme toujours, une femme va changer la donne et cette femme c’est Madeleine. Oui mais, là, c’est sa dépouille qui va les forcer à partager le même espace. Celui d’un corbillard avec lequel ils doivent emmener ce corps au pied des Cévennes. De la Suisse à la France, Igor, 40 ans, infirme moteur cérébral et Louis, 58 ans, célibataire endurci vont apprendre ce qu’est la véritable liberté et comment ne pas subir le regard d’autrui.

Comment mieux vivre ensemble, comment sortir de sa zone de confort pour aller véritablement à la rencontre des autres, comment aimer la vie telle qu’elle est. À ces questions là, ce film apporte un éclairage nouveau.

Bernard Campan et Alexandre Jollien, c'est d'abord une belle amitié

Ce film, c’est d’abord une amitié qui est née d’un coup de téléphone. Un jour, Bernard Campan regarde la télévision et il tombe sur un homme qui raconte l’histoire d’une personne qui va voir Diogène et qui lui demande comment il faut faire pour être philosophe. Diogène lui répond : “si tu veux être philosophe tu prends un hareng et tu le traînes derrière toi en traversant la ville d’Athènes”. Et Alexandre Jolien a ajouté : "l’avantage c’est que le hareng je le traîne toujours avec moi" !

Bernard Campan prend son téléphone et appelle le philosophe. Et à la suite de ça les deux hommes s’appellent quasi quotidiennement et passe de longs moments à échanger. C’était il y a 18 ans. Cette amitié a donné l’idée à Philippe Godeau, producteur de son état, de les réunir face caméra. Mais, pour cela, l faut avoir une histoire à raconter.

Et il faut un réalisateur. Ce sera Bernard Campan à qui Alexandre Jolien a dit : "tu sais si tu réalises le film, moi je veux bien jouer dedans". Le philosophe est aussi à l’origine du scénario puisque c’est lui qui imagine une rencontre entre deux hommes qui semblent n’avoir rien en commun à savoir un croque-mort et un homme coincé dans un corps handicapé mais qui connaît une liberté grâce à sa passion : la philosophie.

Ce qu’Alexandre Jolien n’imagine pas en revanche c’est que sa participation au film ne se limitera pas à ses talents d’acteur ou de scénariste mais qu’il sera aussi réalisateur.

La vie d'Alexandre Jollien ne le prédestinait pas au cinéma

Le premier film devant et derrière la caméra pour un homme qui n’était pas destiné à ça. Alexandre Jollien dit de lui-même : ‘Je suis quelqu’un qui a vécu 17 ans en institution où les autres décidaient de la couleur de mes sous-vêtements jusqu’à mes 18 ans.’ Malgré son handicap, il surmonte tous les obstacles et suit une scolarité ordinaire. Un jour, il découvre la philosophie. Elle devient rapidement son tout et remplit sa vie. Il en fera son domaine de prédilection, son métier.

Il lui consacrera une immense partie de son temps et écrira de nombreux ouvrages dont le plus connu est probablement Éloge de la faiblesse. Il participe aussi à des ouvrages collectifs comme À Nous La Liberté et Trois Amis en quête de sagesse qu’il a écrit avec le moine bouddhiste Matthieu Ricard et le psychiatre Christophe André.

Les mantras et la philosophie au cœur de la vie d'Alexandre Jollien

Comme de multiple tournages ces deux dernières années, Presque a vu son planning perturbé par la pandémie de COVID-19. Interrompu à la mi-mars 2020, le film a été mis en boîte en juin 2020. Pas de quoi désarçonner notre duo de choc qui nous livre une œuvre sur le handicap et la philosophie bien sûr mais aussi une ode au bonheur et un manuel sur le bien et bon vivre ensemble et sur le respect.

La maxime du film est un axe de travail intérieur pour tout un chacun ‘on ne naît pas homme, on le devient’. Et la page Facebook de Presque - le film distille petit à petit des ondes positives sous la forme de vidéos best-of du tournage, de mantras et de réflexions philosophiques. Une bonne façon de préparer sa séance avant la projection et de poursuivre l’expérience par la suite… Une seule question demeure : mais qui est Madeleine ?