Une américaine publie une chronique très partagée sur ses réseaux sociaux. Elle s'appelle Abby Adair Reinhard, elle a 41 ans et vient de passer les deux journées les plus longues de sa vie. Son père Donald, est mort du Coronavirus à l'hôpital de Rochester, New York. Il avait 76 ans. Avec l'interdiction formelle de visiter les proches contaminé.e.s par le Covid-19, il ne reste qu'un seul lien entre les familles : le téléphone. Mais encore faut-il en avoir un. Certains soignants, également ici en France, recommandent même d'apporter son chargeur avec soi, lorsqu'on est hospitalisé.

"On a tout fait pour le faire tenir au téléphone"

Aux États-Unis, désormais pays le plus touché par cette épidémie avec 43 558 morts ce mardi 21 avril, New-York est devenue l'épicentre de la maladie. 11 000 personnes sont d'ores et déjà disparues, des milliers de familles sont endeuillées. Un deuil parfois d'autant plus éprouvant lorsqu'on ne vous a pas laissé voir la personne mourante.

Cette quadragénaire originaire de Rochester dans l'État de New-York décide de publier une chronique qui retrace les deux derniers jours de vie de son père. Sa famille a tout tenté pour le maintenir en vie au téléphone, prêté par l'hôpital.

Lorsqu'elle apprend, samedi 4 avril que son père est atteint du Covid-19, elle ne perçoit pas encore la gravité des évènements parce que les "signes de sa santé étaient encourageants" d'après elle.

Mais au moment du diagnostic posé par le médecin de l'hôpital, par téléphone. C'est la stupeur. Elle ne tient plus en place et fait les cent pas dans la salle de bain de l'appartement familial. L'état de son père se détériore par la suite avec de graves problèmes respiratoires. Ses poumons sont littéralement ravagés. La peur rejoint alors l'angoisse.

Une infirmière lui propose de l'appeler, depuis sa chambre d'hôpital, pour sans doute l'entendre une dernière fois, avant de mourir. Abby voulait "l'entendre parler", ou à défaut, "de l'entendre respirer". Les médecins lui demandent son accord pour qu'ils accompagnent son père, tout doucement vers la mort, afin qu'il ne souffre pas trop.

Elle se retient de pleurer et serre les dents pour ne pas laisser percevoir son émotion dans la voix.

"J'ai donc pris une décision horrible, mais affectueuse"

Avec une volonté d'évacuer face à la situation, la New-yorkaise décide d'écrire afin "d'absorber virtuellement ce précieux moment ensemble". Elle garde son téléphone en ligne avec l'hôpital pendant près de 36 heures, jusqu'à ce qu'elle n'entende plus son père respirer.

Le difficile lien avec les personnes isolées

Si Abby a pu parler à son père une dernière fois, c'est une fin encore plus tragique à laquelle font face des centaines de familles endeuillées dans le monde. Des situations parfois qualifiées d'inhumaines par certains proches. En France, depuis le 20 avril, le droit de visite dans les Ehpad est autorisé [VIDEO] : pour deux personnes maximum par famille, sans contact physique et à la demande unique du résident.