Daesh avait été accueilli en libérateur par une partie de la population sunnite opprimée par les forces gouvernementales chiites en juin 2014. L'une des inconnues de la présente bataille est le comportement de la population à l'approche des milices chiites qui soutiennent l'armée irakienne et qui ont été accusées d'exactions lors de la libération de Falloujah au printemps dernier.

Mouvement de résistance à Mossoul

Selon des éléments fournis par Anne-Sophie Le Mauff, envoyée spéciale de la chaîne d'actualité France 24 à Bagdad, une révolte est en cours contre l'organisation terroriste dans la deuxième ville du pays.

Des civils, menés par des membres des forces irakiennes infiltrés depuis plusieurs mois au sein de la ville, ont lancé des actions contre des installations djihadistes vitales à la défense de la ville.

La presse fait état depuis plusieurs mois de tags représentant la lettre M pour muqawama, "résistance", qui essaiment sur les façades de Mossoul.

Malgré le déséquilibre des forces en présence (entre 4500 et 6000 djihadistes contre plusieurs dizaines de milliers de coalisés) Daesh a eu le temps de préparer ses défenses. Les coalisés doivent prendre de nombreux villages sur plusieurs dizaines de kilomètres avant d'atteindre la ville et font déjà face aux snipers, mines et autres attaques à la voiture piégée.

En ville, des barrages de gravats ont été érigés, les ponts piégés et des tunnels creusés pour dissimuler les djihadistes et leurs mouvements.

Le sort des 1,5 million d'habitants de Mossoul en suspend

Leur principale crainte est de voir les djihadistes se camoufler parmi la population civile et les conditions sanitaires en ville se dégrader fortement durant les longues semaines de la bataille, au risque de provoquer un exode massif.

Or les coalisés ne disposent pas d'infrastructures permettant d'y faire face en toute sécurité, alors que des djihadistes pourraient en profiter pour essayer de fuir.

Alors que des dissensions ont été révélées ce weekend au sein des rangs terroristes (58 d'entre eux ont été tués pour avoir voulu livrer la ville aux coalisés), cette révolte pourrait faire gagner un temps précieux à la coalition.

En cas d'échec, ces derniers seront au contraire incapables d'aider rapidement les insurgés et des représailles sur la population sont à craindre.

Laprise de Mossoul est attendue comme étant aussi difficile que "décisive", selon le secrétaire d'Etat américain John Kerry.Décisive pour la suite de la guerre contre Daesh, mais surtout pour l'avenir de l'Irak comme ensemble multi-ethnique et multi-confessionnel. Le sort réservé à la population en donnera un aperçu.