Alors que Donald Trump poursuivait son ascension vers la Maison-Blanche, dans une campagne marquée par de nombreuses saillies racistes et misogynes, le nombre de groupes qui revendiquent la haine des musulmans a quasiment triplé en l’espace d’un an aux Etats-Unis. C’est ce que suggère le rapport annuel du Southern Poverty Law Center (SPLC), un think tank spécialisé dans la surveillance de l’extrême droite qui recense les « hate groups », terme que l’on pourrait traduire par « groupes extrémistes ».

S’ils n’étaient que 34 en 2015, leur nombre est passé à 101 en 2016, soit une hausse de 197%, « la plus spectaculaire évolution jusqu’ici », selon les auteurs du rapport.

Pour Mark Potok, chercheur du SPLC interviewé par Le Huffington Post américain, cette hausse qui dure depuis deux ans maintenant a été impulsée par les attaques terroristes dont celle d’Orlando qui avait fait 49 morts dans une boîte de nuit gay en Floride, mais aussi par « la rhétorique incendiaire de Trump » qui s’est traduit récemment par le fameux Muslim Ban, lequel interdisait de séjour aux Etats-Unis les ressortissants de sept pays musulmans.

Connexions avec la Maison-Blanche

Plus inquiétant, le rapport du SPLC révèle les connexions d’un certain nombre de ses groupuscules avec les cercles du pouvoir. Une cinquantaine de ceux que le think tank a ajouté à sa liste cette année sont en fait des déclinaisons locales de ACT!

of America. Cette organisation qui affirme lutter « pour la prévention de la criminalité et du terrorisme » selon son site web revendique 500 000 membres et un millier de branches locales à l’échelle des Etats-Unis. Sa fondatrice, Brigitte Gabriel, une journaliste conservatrice d’origine libanaise, s’était vantée en décembre dans un mail destiné à ses bailleurs de fonds d’avoir « une ligne directe » avec le président des Etats-Unis nouvellement élu, Donald Trump.

Michael Flynn, qui a dû démissionner récemment de son poste de conseiller à la sécurité nationale, a siégé au conseil d’administration de ACT! for America, lequel a aussi décerné une récompense en 2016 à Mike Pompeo, le « faucon » récemment nommé par Donald Trump à la tête de la CIA, qui avait conseillé le think tank. Dans la liste du SPLC, on retrouve aussi le Center for Security Policy, créée par Frank Gaffney, un spécialiste de la théorie du complot qui avait accusé Barack Obama d’être « toujours » musulman en 2009 et de « s’être engagé dans le leurre le plus lourd de conséquences depuis que Adolf Hitler a dupé Neville Chamberlain », le Premier ministre britannique au début de la Seconde guerre mondiale.

Evidemment, les organisations qui se retrouvent dans la liste du SPLC contestent souvent cette nomination. Frank Gaffney avait ainsi accusé par le passé le think tank « d’agir essentiellement comme un agent des Frères musulmans et des suprémacistes islamistes » en qualifiant son organisation de « hate group ».