Jusque-là restée silencieuse sur le mouvement des "gilets jaunes" qui secoue la France depuis quelques semaines, Christiane Taubira s'est confiée dans un long entretien au "Journal du Dimanche". L'ancienne ministre socialiste y juge très sévèrement son camp dont elle n'épargne par la responsabilité sur la situation, estimant que le parti est aujourd'hui "désespérant".

Il faut dire que l'ancienne députée guyanaise n'a jamais vraiment eu sa langue dans sa poche quand il s'agit de remettre les choses à leur place ! En effet, sans dédouaner l'exercice du pouvoir qu'elle juge excessif de la part du président de la République Emmanuel Macron, la retraitée de la politique de 66 ans accable sans jeu de mots la ligne politique défendue par la gauche.

La gauche totalement à la ramasse

Si elle admet que la responsabilité de la gauche "est lourde, très lourde" et sans équivoque, "sur le passé" comme "sur le présent", l'ancienne garde des Sceaux a toutefois laissé entendre que la situation pourrait s'aggraver si la gauche ne venait pas à comprendre que c'est d'elle que pourrait venir un débouché politique à ce mouvement qui s'est toujours revendiqué citoyen.

De son avis, les partis de gauche devaient sortir du bavardage et du radotage de "choses informes et insensées" pour rapidement "dégager une perspective" crédible. A côté du discours de performances et d'efficacité lucrative avancé par le locataire de l'Elysée, Christiane Taubira appelle son camp à faire preuve de lucidité pour ne pas disparaître.

Néanmoins, dans son entretien, l'ancienne élue n'a pas manqué de faire le tri entre la partie positive du mouvement fondée sur une détresse sociale, et sa partie plus sombre avec la présence remarquée de"personnes sexistes, racistes, homophobes, xénophobes, antisémites".

Pas de retour pour les européennes

Mais encore, dans les colonnes de l'hebdomadaire, celle qui avait quitté avec fracas le quinquennat de François Hollande s'est fendue de propos très durs à l'endroit de Jean-Luc Mélenchon, le patron de La France insoumise !

Elle lui reproche notamment "une certaine indécence à appeler à la mobilisation celles et ceux qui se sont soulevés sans mot d'ordre politique ou syndical".

Interpellée sur la possibilité d'un retour sur la scène politique avec les élections européennes à venir en mai 2019, Christiane Taubira a reconnu avoir été approchée par des partis de gauche, notamment EELV, Génération.s, mais aussi le Parti socialiste.

Pas de perspective selon elle, puisqu'elle déplore que ce soit à nouveau bandes à part, là où elle aurait espéré une formidable alliance. Et déjà, elle prévient que la gauche pourrait regretter de ne pas prendre à bras le corps l'enjeu en préférant se "vautrer dans le confort de l'inefficacité, de la stérilité, du manque d'imagination", comme certains l'ont fait par le passé.