Après avoir essuyé une défaite aux dernières élections primaires du parti Les Républicains, Alain Juppé s’est cantonné à son poste de maire de Bordeaux et a quitté le parti politique dès le 01 janvier 2019. Aujourd’hui, il tire un trait sur la mairie de Bordeaux pour intégrer le Conseil constitutionnel de la République française.

La volonté opportuniste d’Alain Juppé

L’ancien adhérent du parti de droite Les Républicains a connu un parcours politique semé d’embûches. D’abord maire de Bordeaux dès 1995 puis Premier ministre sous la présidence Chirac, il devient cependant très vite impopulaire et quitte la tête du gouvernement en 1997 après la défaite de la droite aux législatives.

Il quitte la vie politique en 2004 après une affaire d’emplois fictifs pour laquelle il est condamné à un an d’inéligibilité. Enchaînant par la suite les postes ministériels, il se présente aux élections primaires de la droite et perd face à François Fillon.

Il se rapproche peu à peu du parti d’Emmanuel Macron avant d’obtenir une place de choix dans le paysage politique actuel et jouer un rôle déterminant dans les élections qui se préparent. Jusqu’où sera-t-il prêt à aller pour sortir son épingle du jeu après un parcours miné de toutes parts ?

Les juppéistes divisés

La réponse ne se fait pas attendre. Dimanche dernier, Alain Juppé n’a pas hésité à affirmer clairement son soutien pour le Président de la République et sa volonté d’établir une liste d’alliances entre centre droit et centre gauche.

Un nom se voit alors mis en avant pour parvenir à cette volonté : Gilles Boyer. Proche du Premier ministre Edouard Philippe, il est l’un de ses plus proches conseillers. Également très proche de Stéphane Séjourné, directeur de la campagne LREM, son investiture semble toute confirmée.

Il n’est cependant pas le favori pressenti par la majeure partie des juppéistes.

En effet, les membres d’Agir, le parti de droite favorable à Emmanuel Macron essentiellement composé de partisans d’Alain Juppé, l’entendent d’une autre oreille. Fabienne Keller, ancienne porte-parole d’Alain Juppé, se voit hissée à la première place de la liste de rassemblement que le parti a publiée. En seconde place figure Xavier Fournier, secrétaire général du groupe centre droit Les Indépendants, puis Elizabeth Morin-Chartier, eurodéputée sortante.

Carton plein pour Macron !

C’est une stratégie politique de taille qui se dessine à l’horizon en vue des élections européennes pour la Macronie. En s’attirant les bonnes grâces d’Alain Juppé qui assure s’investir activement dans la prochaine campagne, elle affiche un sérieux avantage dans la course déjà en place. Affaiblir le parti de Laurent Wauquiez en attirant dans ses rangs les juppéistes, voilà une manœuvre bien ficelée pour gonfler ses chances de l’emporter.

Menacé par le Rassemblement National et La France Insoumise, le parti de la présidence semble abattre ses cartes une à une pour reprendre l’avantage. En persuadant l’ancien maire de Bordeaux de se rallier à sa cause grâce notamment à une conception commune de l’Europe, il assure un soutien important à LREM. Pourtant, la partie est loin d’être gagnée. Entre démissions et opinion publique largement divisée, la volonté de conquête d’Emmanuel Macron demeure entachée.