Qui se souvient de Jeff Daniels alias Will McAvoy, dans la série The Newsroom ? Ce dernier représente le journalisme activiste luttant contre la corruption politique dans son émission News Night avec une ligne éditoriale libérale telle qu'on se croirait sur la chaîne existante MSNBC. Avec la série The Great Indoors, on est loin du journalisme critique et des sujets politiques sensationnels. La série brosse un tout autre tableau : celui d’un journalisme web à l'ère 2.0. On retrouve en chef de troupe le truculent #Joel McHale qu’on avait adoré dans la série Community. L’avocat forcé de retourner dans une université publique après avoir été exclu du barreau est dorénavant un ex-journaliste explorateur (Jack Gordon) qui a fait le tour du monde en mode Bear Grylls dans Man Vs Wild.
La génération Y des « happymills » confrontée à son aînée
Jack est contraint à travailler au bureau, le magazine outdoors devenant ainsi totalement indoors !
Cependant, il n’arrive pas à s’entendre avec cette génération de bras cassés qui ne sont jamais sortis de chez eux. Il n’est apparemment pas le seul à souffrir de ce « gap » générationnel. Après avoir fait pleurer Clark, il est convoqué par la RH qui a elle-même du mal à réprimer son envie de baffer ces jeunes à coups de « selfie-stick ». De même, on fait face à un directeur - Roland, interprété par la vedette anglaise Stephen Fry - qui est en total décalage avec ces jeunots dont il laisse la direction à sa fille, Brooke. Ce dernier, très porté sur l’alcool, passe son temps à faire de longues tirades théâtrales, un clin d’œil au comédien souvent monté sur les planches. Fait intéressant à noter, hors écran l’acteur adore les nouvelles technologiques et tient une rubrique à ce sujet dans le Guardian !
L'évolution du métier de journaliste en filigrane dans The Great Indoors
Le journal papier est en voie de disparition et tout le monde le reconnaît. Lorsque Jack souhaite jeter un coup œil à un périodique, toute l’équipe de la rédaction lui rit au nez. Quand le reporter revient au siège du magazine Outdoors Limits, il apprend que ce n’est plus qu’un webzine !
C’est une réalité pour plus en plus de médias, le format papier ayant un coût et ne se vend plus assez. Au-delà de l’impression, les épopées aventurières du reporter star de terrain devait également lourdement peser sur les finances du magazine spécialisé. On limite le journalisme de terrain pour faire du "desk" (bureau). Et rien de plus efficace qu’une vidéo montrant des oursons dans une piscine pour captiver le lecteur !
On s'inspire des vidéos régressives de Lolcats, le seul objectif étant de faire un max de vues peu apporte le contenu.
Les protagonistes sont des clichés sur pattes. On retrouve Clark, l’aficionado de nouvelles technologies qui souhaite vivre sur Mars comme Elon Musk. Dans cette joyeuse bande, Mason s’illustre en portant des bandanas autour du cou, ce qui est l’occasion d’un gag assez lourd sur son orientation sexuelle présumée amplifié par des rires préenregistrés. A côté de ça, il ne peut s’empêcher d’envoyer de fameuses « dick pics », des photos de pénis sur le téléphone de Clark. Enfin, Emma, la spécialiste des réseaux sociaux, vient clore le trio des jeunes rédacteurs. Elle ne juge que par la dernière application à la mode !
C’est pourquoi elle voit dans Jack, qui n’a pas de compte Facebook, ni Instagram, une version humaine d’un bon vieux modem internet. Comme dans How I met Your Mother, toute la fine équipe se retrouve dans un bar "hipster" qui fait office de quartier général, tenu par Eddie, un ami de Jack. On l’y voit se confronter à leur application de rencontre en ligne (à la Tinder). Au vu des premiers épisodes, on peut déjà entrevoir Jack laisser de côté son attitude "de vieux ringard" pour sympathiser avec la génération cadette en s'adaptant progressivement à leur style de vie digitalisé.
À suivre…ou pas ! Sinon pour les autres séries de la rentrée 2016, c'est par ici !