Jeudi 6 décembre, 153 jeunes âgés de 15 à 19 ans ont été interpellés pour "participation à un attroupement armé" près du lycée Saint-Exupéry à Mantes-la-Jolie. Ce qui a fait scandale, c'est la vidéo de leur arrestation qui a fait le tour du web. On y voit une cinquantaine de jeunes, agenouillés, les mains sur la tête sous la surveillance des policiers. Une dizaine sont menottés, la tête contre le mur. "Voilà une classe qui se tient sage", déclare l'auteur de la vidéo.
Les jeunes ont été interpellés dans les locaux des Restos du Cœur, où ils s'étaient réfugiés pour fuir la police.
Jeudi dernier, environ 280 lycées et collèges ont été perturbés, dont 45 étaient bloqués. On ne compte pas moins de 700 interpellations à travers la France. Le Défenseur des droits, chargé de veille au respect de la déontologie, a exigé qu'une enquête soit ouverte sur les conditions dans lesquelles se sont déroulées ces arrestations.
Alors que la quatrième journée de manifestations des Gilets Jaunes se prépare, la gauche s'indigne de ces images. Olivier Faure, Premier secrétaire du Parti socialiste et Éric Coquerel, député de La France insoumise, ont appelé Christophe Castaner le ministre de l'Intérieur à réagir. "Que penser d’un pouvoir qui traite ainsi sa jeunesse ? Qu’il ne tient que par la force des matraques. Qu’il n’a plus d’avenir. Qu’il est à l’agonie", a déclaré François Ruffin.
Le ministre de l'Intérieur défend ces interpellationsQuels que soient les faits reprochés rien ne justifie cette humiliation de mineurs filmée et commentée. Messieurs @CCastaner et @jmblanquer il est de votre responsabilité de réagir vite et bien ! Le feu couve ne l’attisez pas ! https://t.co/dwA2w2H4cP
— Olivier Faure (@faureolivier) 7 décembre 2018
Quels que soient les faits reprochés rien ne justifie cette humiliation de mineurs filmée et commentée. Messieurs @CCastaner et @jmblanquer il est de votre responsabilité de réagir vite et bien ! Le feu couve ne l’attisez pas ! https://t.co/dwA2w2H4cP
— Olivier Faure (@faureolivier) 7 décembre 2018
Mais malgré la colère, Christophe Castaner - qui s'est exprimé dans la matinée - soutient les interpellations face aux violences urbaines.
Même s'il a reconnu que les images de cette vidéo était dure, il croit "qu'il faut les replacer dans un contexte". À savoir que des bouteilles de gaz auraient été jetées sur des barricades enflammées.
Pour David Cormand, le secrétaire national d’Europe Ecologie-Les Verts, rien ne justifie que l'on humilie ainsi des enfants.
"Ces images nous insultent (...) Halte au feu, Monsieur le Président. Au nom de nos valeurs, de ce qui fonde ce que nous sommes, de notre République, au nom de ce dont vous êtes censé être le garant, halte au feu." Le ministre de l'Éducation nationale, a indiqué à France Inter que ces images choquantes sont dues à un climat de violence exceptionnelle.
D'après Ouest France, des 122 jeunes arrêtés et placé en garde à vue pour participation à un attroupement en vue de préparation de violences, 37 étaient cagoulés et armés (matraque, batte de base-ball, bombes lacrymogènes).
Qui est l'auteur de cette vidéo ?
Jean-Jacques Brot, le préfet des Yvelines, a annoncé sur RTL qu'une enquête administrative pour connaître l'identité de l'auteur de cette vidéo, était en court.
"La réaction des policiers a été proportionnée. Je trouve lamentable d'avoir filmé et diffusé."
Le directeur du cabinet des Yvelines, Thierry Laurent, ne remet pas en cause le professionnalisme des forces de l'ordre. Il a déclaré sur franceinfo qu'il n'y avait pas eu volonté d'humilier. "Ces images sont indubitablement dures et inhabituelles. Il faut pour autant les mettre en rapport avec les violences qui ont été commises à Mantes-la-Jolie par ces individus depuis trois jours".
Ce n'est en tout cas pas l'opinion de l'avocat Jean-Pierre Mignard qui a l'intention de saisir l'IPGN et le défenseur des droits. C'est un événement qu'il qualifie de scène de guerre, de rafle. "Et cela, le jour même ou l'Assemblée nationale interdit la fessé", ironise-t-il.
Mais c’est quoi cela? On est ou la? Les faire asseoir ce n’était pas suffisant? , c’est quoi cette scène de guerre.l’IGPN doit être saisie et le défenseur des droits aussi.
— Jean-Pierre Mignard (@jpmignard) 7 décembre 2018
Je le ferai demain. https://t.co/PlZLvkCNBt