Depuis le début de la pandémie du Coronavirus, de nombreux remèdes miracles ont inondé la Toile. Les auteurs de ces conseils n'ont pour la plupart, aucune compétence en la matière et leurs messages ne s'appuient sur aucune étude scientifique sérieuse. Mais ils peuvent aussi émaner de hauts dirigeants comme Donald Trump.

Donald Trump suggère aux malades du Covid-19, des traitements aux UV et des injections de produits dangereux pour la santé

Le 23 avril 2020, lors d'une conférence de presse, le président des Etats-Unis s'interroge sur la possibilité d'injection de produits désinfectants ou d'un traitement aux UV pour les malades atteints du coronavirus.

Pour affirmer cela, il s'est appuyé sur une étude du gouvernement selon laquelle, une température supérieure à 35°C, les rayons UV du soleil, l'eau de javel et l'alcool à 90°C détruiraient le virus. Afin de légitimer ses propositions pour le moins dangereuses pour la santé, il s'adresse à Deborah Birx, la médecin responsable du groupe de travail sur le coronavirus de la Maison Blanche.

"Avez-vous entendu parler de la chaleur ou de la lumière face à ce virus ?" lui demande t-il

Visiblement embarrassée par cette question, elle lui répond que ce ne sont pas des traitements efficaces. Les scientifiques eux, ont condamné fermement ses suggestions et mettent en garde les Américains contre l'automédication.

"Ne vous injectez pas de la Javel ou ne buvez pas de désinfectant. La Javel provoque une hémolyse et peut endommager le foie. Les désinfectants peuvent provoquer des brûlures dangereuses ou des saignements dans l'estomac", a averti le département toxicologique de l'Université d'Harvard sur Twitter. Le pharmacien et toxicologue Bryan D.

Hayes supplie également les Américains de ne pas s'injecter de telles substances dans le corps :

"S'il vous plaît ne faites pas ça. Respectueusement, tous les toxicologues"

Le professeur de politique publique de l'Université de Berkeley en Californie, Robert Reich, a aussi fermement condamné les propos de Donald Trump qui, s'ils sont pris au sérieux, peuvent mettre la vie d'autrui en danger.

Sur son compte Twitter, il écrit :

"Les briefings de Trump mettent activement en danger la santé publique. Boycottez la propagande. Ecoutez les experts. et s'il vous plaît ne buvez pas de désinfectant."

Le fabriquant des désinfectants Lysol a dû avertir les américains dans un communiqué de presse :

"En tant que leader mondial des produits de santé et d'hygiène, nous devons être clairs : en aucun cas nos produits désinfectants ne doivent être administrés dans le corps humain (par injection, ingestion ou toute autre voie)"

En France aussi, les propositions du président américain pour lutter contre le coronavirus ont choqué les scientifiques.

L'ancien ministre de la Santé, Philippe Douste-Blazy, a fait part de sa stupeur à la télévision :

"Si un seul américain croit à cela, il risque une des pires maladies"

Trump rétropédale en affirmant que ses suggestions ne sont pas à prendre au sérieux

Très critiqué, Donald Trump revient le lendemain sur ses déclarations et affirme avoir été "sarcastique". Cependant, il semblait être sûr de lui. Suite à ses suggestions discutables, ses collaborateurs ont tenté de calmer le jeu. L'administrateur de santé publique a rappelé qu'il fallait consulter un médecin en cas de symptômes et éviter l'automédication. Selon la porte-parole de la Maison Blanche, Kayleigh Mc Enany, les propos du président américain ont été sortis de leur contexte :

"Le président Trump a déclaré maintes fois que les Américains devaient consulter leur médecin au sujet des traitements pour le coronavirus, un point sur lequel il a encore insisté pendant le briefing d'hier".

Face à la polémique qu'il a suscitée, le président des Etats-Unis a pris la décision de ne plus faire de briefing en présence de la presse. Sur son compte Twitter, il a écrit :

"A quoi cela sert d'avoir des conférences de presse à la Maison Blanche quand les Médias Orientés ne font que poser des questions hostiles et refusent ensuite de rapporter la vérité ou les faits de manière exacte."

Trump conseillait déjà des traitements non adaptés

Cependant, Donald Trump n'est pas à son premier coup d'essai. En mars 2020, il conseillait de prendre de l'hydroxychloroquine, un antipaludique, contre l'avis des médecins composant son équipe. Pour affirmer cela, il s'était appuyé sur les études de Didier Raoult et un article du New York Post qu'il a partagé sur Twitter.

Suivant ses suggestions, un couple américain âgé d'une soixantaine d'année a ingéré une forte dose de phosphate de chloroquine en prévention du coronavirus. Malheureusement, cela fut fatal pour l'homme qui décéda à l'hôpital. Interrogée par NBC News, son épouse, qui fut elle aussi hospitalisée, expliqua qu'ils avaient suivi les conseils de DonaldTrump qui vantait les bienfaits de la chloroquine lors d'un briefing :

"Ils n'arrêtaient pas de dire que c'était approuvé pour d'autres choses. Trump disait que c'était pratiquement comme un remède [...] J'ai commencé à avoir des vomissements.

Mon mari a commencé à avoir des problèmes respiratoires et voulait tenir ma main."

L'OMS a appelé à la prudence quant à son utilisation. En France, le Haut Conseil de Santé Publique a déclaré que cette substance ne devait être administrée qu'aux personnes souffrant de formes graves.

Pour le moment, il n'existe pas de traitements contre le coronavirus. Et il est impératif de consulter son médecin en cas de symptômes et de ne pas s'automédicamenter.