Nous l'appellerons "L.A.", pour préserver son anonymat, car il est ce que l'on appelle un "ultra", un supporter de Football passionné par son club et sa ville, et en aucun cas un hooligan comme on essaye de les faire passer. Ces fameux supporters que l'on essaye d'expulser des stades partout en Europe, petit à petit, à l'image de l'Angleterre, pour des enceintes aseptisées... Tout cela bien sûr au détriment de l'ambiance. S'il y a eu des débordements avec certains groupes, un amalgame a été fait et ce sont tous ces ultras qui en payent aujourd'hui les frais.
Cet ancien actif du Parc des Princes, qui ne se reconnait plus dans le nouveau Paris Saint-Germain et qui ne fréquente plus que très occasionnellement le Parc, a vécu un dimanche particulier, qu'il a accepté de nous raconter.
"L.A.", racontez-nous ce qu'il s'est passé ce dimanche :
Je comptais assister à un match de football féminin avec des potes, en l'occurrence la demi-finale de la Ligue des Champions entre le PSG et Wolfsburg au stade Charléty. Après avoir acheté un billet de match au guichet du stade, et passé une première fouille, une seconde rangée de stewards nous a demandé de nous mettre sur le côté et nous a refusé l'entrée.
Pour quel motif ?
Circonspects, nous leur avons demandé pourquoi.
La seule réponse a été : "désolé, le PSG ne veut pas de vous". Je me suis demandé sur quoi ils se basaient pour dire ça ! Quel méfait nous reproche t-on ? Pourquoi nous et pas d'autres personnes munies des mêmes billets que nous ? Et pourquoi ne sommes-nous pas remboursés sur le champ ?
Des questions qui n'ont pas trouvé réponse ?
Non. Après plusieurs parlementations inutiles et une insistance de notre part pour avoir une raison légale auprès du responsable sécurité, qui n'est jamais venu à notre rencontre, nous avons été expulsés de force par une petite cohorte de mecs de la sécurité.
Vous n'êtes pas le seul dans ce cas ?
Près de 150 autres personnes sont dans le même cas que nous.
Ce sont tous des supporters parisiens, membres ou non d'anciens groupes ultras n'ayant strictement rien à se reprocher. Aucun n'a d'interdiction de stade en cours, ni de casier judiciaire, ni d'alcoolémie ou de trouble à l'ordre public.
Qu'avez-vous fait après cet évènement ?
Nous avons décidé spontanément de nous regrouper près d'une autre voie d'accès du stade pour chanter ensemble et faire entendre notre voix face au jusque-boutisme liberticide du club et des autorités. Mais au bout de 5 minutes, nous nous sommes retrouvés cernés par deux escadrons de CRS, matraques et boucliers en main. Une partie du groupe est arrivée à se disloquer mais l'autre partie est restée cernées par les flics.
Nous étions alors une soixantaine parqués à 500m du stade, filmés contre notre gré et interdits de tout mouvement durant deux heures, sous la pluie, et sans aucune possibilité d'aller pisser en dehors du cordon de flics !
Comment cela s'est-il terminé ?
Après cette longue attente, nous avons été contraints de décliner notre identité un par un auprès des Renseignements Généraux, en vue d'une condamnation... Tout ça, dans le plus grand des calmes. Pourtant il n'y a eu aucune échauffourée, aucune dégradation, aucune provocation, bref rien de répréhensible. Et tout cela alors que l'on avait un billet valide pour le match.
Le pire, c'est que vous êtes vous-même journaliste...
C'est le comble de l'ironie.
J'avais sur moi ma carte de presse qui m'avait permis de me rendre au Parc des Princes gratuitement la veille pour PSG-Lille. J'ai montré cette carte aux stewards et aux flics comme argument de poids pour éventuellement avoir l'accès au stade, ce qui est un dû, ou du moins pour éviter un contrôle d'identité mais ça n'a rien changé.
Comment vous sentez-vous aujourd'hui ?
Je me dis que je suis dans un "État de droits" avec une caste de citoyens que l'on traite comme de la m****, en parfaite illégalité. La situation était incroyable. Sur le coup on était déconcerté mais on a pris cela à la légère. Avec du recul et à froid, j'ai de la rancoeur vis-à-vis de cette gestion arbitraire et déconcertante des supporters.
On devient des indésirables pour aucune raison évidente. C'est de la discrimination pure et dure.
Vous en voulez à la direction actuelle du PSG ?
Le Qatar trouve un bon écho au tout répressif. Maintenant, PSG et flics marchent ouvertement main dans la main. Le premier filtre les "indésirables" sans aucun motif légal, les seconds les récupèrent dans la rue et les fichent.