La Coupe du monde de rugby 2023, organisée en France, démarrera pile dans cinq ans. L’échéance peut paraître un peu lointaine, mais en coulisses les organisateurs s’activent. Claude Atcher, le directeur général du GIP France 2023, a entamé ce vendredi 28 septembre une tournée des neuf villes hôtes qui débutait par Lyon. Il était à Toulouse mardi 2 octobre et il achèvera son tour de France à Nantes le 25 octobre prochain. Objectif : présenter aux élus locaux le partenariat proposé pour l’organisation des matchs. Et l’ancien troisième ligne du Racing Club de France est venu avec quelques bonnes nouvelles.
Sans fan zone, une économie de 3,5 millions d’euros
Première grosse différence avec l’Euro de Football, dernière grande compétition sportive organisée en France en 2016, les villes ne seront pas obligées d’ouvrir une fan zone. Sauf si le XV de France atteint bien sûr les quarts ou les demi-finales.
Mais même dans ce cas, les fans zones seront organisées autour des stades, et non dans les centres villes.
Une concession arrachée par France 2023 à Rugby World Cup, le propriétaire de la compétition [VIDEO], qui va soulager les finances des collectivités. L’UEFA avait en effet imposé à toutes les villes hôtes de l’Euro 2016 d'ouvrir des espaces dédiés aux supporters pendant les 30 jours de la compétition.
Pour chaque collectivité, la facture s’était alors élevée à 3,5 millions d’euros. Un peu cher pour l’organisation, « à domicile », de seulement trois ou quatre matchs… Pour cette Coupe du monde, les villes se contenteront de proposer des projets adaptés (village rugby, nuit du rugby…) pour accompagner l’événement, tout en minimisant les coûts.
A Lyon, 100 millions d’euros de retombées économiques
Cette baisse des dépenses va s’accompagner de très importantes retombées économiques pour les neuf villes hôtes.
Selon une étude du cabinet Deloitte, l’événement pourrait rapporter jusqu’à 2,3 milliards d’euros à la France, une cagnotte qui bénéficiera principalement aux commerces et aux hôteliers des villes participantes.
Contrairement au supporter de Football, le fan de rugby est réputé non seulement pour sa convivialité, mais surtout pour sa capacité à dépenser pas mal d’argent lorsqu’il se déplace sur un tel événement. En analysant les retombées des dernières compétitions, le cabinet Deloitte a calculé qu’un supporter étranger passe de quatre à six jours dans une ville entre deux matchs et y dépense en moyenne 2 700 euros.
Les retombées économiques d’un seul match de coupe du monde s’élèveraient ainsi entre 20 et 30 millions pour la ville-hôte. En organisant quatre matchs de la Coupe du monde 2023 [VIDEO], Lyon pourrait par exemple voir une manne de près de 100 millions d’euros injectée dans son économie. Une hypothèse d’autant plus crédible que Lyon, grâce à son stade neuf, puisse organiser deux quarts de finale.
Quant à Toulouse, Claude Atcher veut une réflexion pour proposer « le programme le plus attractif possible vu le positionnement de Toulouse sur la cartographie du rugby français ». Le Stade de Toulouse pourrait voir jouer la France ou la Nouvelle-Zélande. « Pourquoi pas les deux ? » ajoute Claude Atcher avec un sourire, au journaliste de 20 minutes.
Connecter les billetteries touristiques et sportives
L’État a d’ailleurs pris la mesure de l’importance de maximiser les bénéfices économiques des grands événements sportifs que notre pays s’apprête à organiser, comme la Coupe du monde de rugby. Le comité interministériel du tourisme (CIT), réuni en juillet dernier, a ainsi retenu plusieurs mesures dans le cadre de la stratégie « Sport et tourisme ».
L’une des plus originales consiste à connecter les billetteries touristiques et sportives. Concrètement, le spectateur qui réserve une place pour la Coupe du monde se voit également proposer un hébergement et un pack touristique englobant notamment l’offre culturelle et de transports de la ville hôte. Une manière de sécuriser en amont les recettes de cet événement planétaire tout en générant un regain d’activité touristique.
Programme d’hospitalité laissé aux villes hôtes
Reste un sujet à trancher : la mise à disposition des stades par les villes. Le GIP France 2023 souhaite que cette mise à disposition s’inscrive dans une convention de partenariat avec chaque ville, dont les principes clés seront l’équité, le partage et l’équilibre.
C’est dans ce but, aussi, que Claude Atcher a entamé son tour de France des villes hôtes, afin de lever le doute sur l’organisation des matchs et les montages financiers liés aux rencontres.
Tout n’est pas simple car les situations diffèrent selon les villes. Si les discussions sont relativement faciles avec celles qui sont propriétaires de leur stade (Nantes, Toulouse, Saint-Etienne), elles se compliquent quand il s’agit de négocier avec des concessionnaires (Lille, Bordeaux, Marseille, Nice), voire des groupes privés qui détiennent eux-mêmes le stade, comme le Groupama Stadium à Lyon ou le Stade de France.
Sans compter que, dans ces négociations, les villes hôtes vont pouvoir accueillir dans leur stade, d’ici la Coupe du monde 2023, deux à trois matchs supplémentaires du XV de France ou des phases finales du Top 14, avec les recettes induites par des stades « à guichets fermés ».
Le ballon ovale est désormais dans le camp des collectivités, qui vont devoir négocier avec les propriétaires des stades. Elles ont un an devant elles, puisque le GIP 2023 souhaite un engagement ferme avant septembre 2019.