Je me souviendrai toujours de mon tout premier concert. C’était celui d’Emilie Autumn à la Locomative à Paris, il y a maintenant dix ans. Les années ont passé et Emilie a changé. Tout comme sa communauté de fans. A l’époque on avait affaire une femme sublime aux cheveux rouges complètement décalée, qui n’avait peur de rien, assumant ouvertement ses troubles mentaux comme sa bipolarité et ses insomnies chroniques notamment, ses traitements et son internement cauchemardesque en psychiatrique.
Elle a créé son style musical autour de la psychiatrie.
Violoniste de génie, elle crée un monde éclectique mélangeant l’aristocratie britannique (le thé étant sa boisson de prédilection, les salons de thés, et thé en tous genres sont toujours représentés lors de ses concerts), la psychiatrie (dans ses paroles mais également dans la mise en scène avec des instruments métallique datant du 19ème siècle et de la littérature consacrée à ce sujet) qui est chez elle une véritable obsession en raison de ses traumatismes, et le gothique. Le résultat s’avère brillant. Artiste indépendante, elle refuse de signer avec un label car elle tient à sa liberté d’expression, refuse catégoriquement la censure. Et on le sent.
Dans son album Opheliac sortit en 2008, Emilie Autumn écrit tout son album avec rage, avec ses tripes.
Elle déclare à l’époque « Lorsque j’ai écrit l’album Opheliac, j’étais arrivée à un point de ma vie où je ressentais que je n’avais absolument rien à perdre ». Bipolarité, anorexie, insomnie, elle peut passer des nuits d’affilée sans trouver le sommeil. Bien qu’elle entreprenne de se soigner, suite à son internement en asile psychiatre (elle s’est d’ailleurs tatouée le numéro de sa cellule sur son bras) elle décide de faire de ses maladies une force.
La musique, la composition, l’écriture, la confection de vêtements et de cosmétiques. Tout y passe.
De « la fille qui ne dort jamais » à une obsédée du marketing
C’est ainsi qu’elle se faisait appeler : la fille qui ne dort jamais. Elle le revendiquait, n’avait pas honte de troubles mentaux et c’est notamment grâce au courage dont elle a fait preuve qu’elle a accumulé une base de fans conséquente dans le monde entier.
Dix ans plus tard, la jolie Emilie a bien changé. Fini les cheveux rouges, casée avec un homme qui semble la rendre heureuse, Emilie Autumn se sert de sa notoriété non plus pour passer des messages (à part sur le droit à l’avortement, sujet qui lui tient personnellement à cœur) mais pour du commerce. Livres, livres audios, produits dérivés, divers types de thés etc…
Cette artiste fan de Freddie Mercury qui s’insurgeait contre les chanteurs qui utilisent des auto tunes pour des chansons aux textes répétitifs sans aucuns messages, commerciaux, qui utilisent constamment leur notoriété pour des placements de produits. Et bien désormais Emilie Autumn fait de même et c’est bien dommage. Sa musique a énormément régressé mais les ventes de ses produits ont boosté son chiffre d’affaires.