Tout le monde connait la dystopie et l'utopie (Hunger games, le Meilleur des Mondes, Divergente...) : ces genres critiquent et dénoncent les travers de notre société en en décrivant une autre. Mais avez-vous entendu parler de l'uchronie ? Du grec "u" "sans" et "chronos" "temps", ce mot se rapporte à un monde qui pourrait ou aurait pu être le nôtre si les choses avaient été différentes.

Ici il s'agit du roman uchronique, The Man in the High Castle de Philip K. Dick, que Amazon a décidé d'adapter en série. La série a été créée par Eric Overmyer, un des maîtres du polar sur le petit écran.

1962. Une Amérique partagée entre Allemands et Japonais

Dans The Man in the High Castle, les Allemands ont gagné la seconde guerre mondiale en lançant une bombe sur les USA. L'Amérique est divisée en trois zones : la zone occupée par les Japonais (l'est), la zone occupée par les Allemands (l'ouest) et la zone neutre (au centre, oui forcément...). Un sujet aussi sensible manié par des Américains pouvait très rapidement tourner à un navet peuplé de scènes de bastons flamboyantes.

Heureusement, Overmyer a su éviter l'écueil qui aurait pu être de se focaliser sur les crimes nazis et ainsi de jouer sur la fascination morbide présente chez le spectateur. Cependant rassurez-vous, les scènes de baston sont loin d'être absentes, vous en avez pour tous les goûts : aïkido, tir au pistolet, poursuite en voiture...

L'aspect psychologique n'est pas absent bien entendu. La série semble vouloir nous montrer que sans l'avancée technologique américaine, les pochons de résistance n'auraient pas été suffisants pour contenir la machine de guerre allemande. Voilà donc un peuple opprimé qui est sans cesse surveillé par la police secrète, qui vit dans la peur des Japonais ou des Allemands et qui n'ose pas lever le petit doigt contre eux.

C'est toute une critique de la société qu'Overmyer met en place et qui revient souvent : c'est comme ça, oui, mais pourquoi ne pas changer ?

Une vision passée du futur

Outre l'intrigue, la trahison, les meurtres et les rebondissements qui laissent le spectateur cramponné à son siège, The Man in the High Castle montre également une sorte de nostalgie. Comme une sorte de critique de l'Amérique actuelle, il glisse à plusieurs reprises des références aux choses qu'il était possible de faire avant. La plus importante ici me semble être la cigarette. Non, mais sérieusement, regardez cette série et trouvez-moi un seul épisode où il n'y pas quelqu'un qui fume. Peut-être est-ce le reflet d'une sorte de nostalgie à cette époque où tout était plus libre ?

L'autre période de liberté totale qu'a connu l'Amérique est sans aucun doute celle du Far West. Or l'inspiration de la conquête de l'Ouest devient évidente dès que les personnages entrent dans la zone neutre : un marshal à la démarche de méchant de western, de grandes rues vides... il ne manque plus que les chevaux (ils leur ont laissé les voitures quand-même). Aussi à mon avis cette série ne constitue pas uniquement une critique de la société mais aussi une nostalgie de cette Amérique plus libre.