Lorsqu'on arrive à Nieul, notre regard se porte immédiatement sur l'imposante église abbatiale de l'Abbaye Saint-Vincent, édifiée au XIème siècle.
Entièrement revisitée au XIXème siècle, son style gothique* ne cache pas ces empreintes romanes. C'est un édifice massif, simple, ne comportant que peu d'ornementations, un portail typique de cette période à trois arches. L'arche centraldont les archivoltes sont supportées par des chapiteaux représentant les sept péchés capitaux. A gauche de l'église, le «Logis abbatial» du XVIème siècle porte en façade un cadran solaire d'où s'efface peu à peu une inscription intemporelle: « fortunatis velox lenta miseris»: (Rapide ( l'heure) pour les heureux, lente pour les malheureux).
A droite de l'église, se trouve le départ d'une étonnante visite de l'Abbaye de Nieul. La pièce d'accueil, augurent déjà de l'atmosphère solennelle et du respect de l'architecture originelle du lieu, trois matériaux essentiels: bois, fer, et verre se marient sans tapage.
Nous commençons par prendre un escalier de chêne pour accéder à une passerelle de verre, comme suspendue, tapissée de motifs de l'époque, à la façon d'un vitrail, des lutrins, en réalité des écrans interactifs, nous invitent à découvrir l'épopée des abbayes, le rôle des moines dans l'aménagement du marais et bien d'autres choses. Une passerelle extérieure nous amène, dans les galeries hautes de l'abbaye. Ici nous attend un instrumentarium, de vrais instruments de musique de la période romane, s'exposent, et jouent tout au long de la traversée.
D'une passerelle l'autre, il semble que nous suivons le cheminement des moines dans leurs activités quotidiennes. C'est un processus lent,qui se prête à la réflexion. Et toujours nous allons, sous la lumière des candélabres, attentifs à l'Histoire qui nous est racontée, car subtilement, l'architecte dans son projet de restauration, nous a inclus.
Le cloître est l'unique représentation intacte de l'Art roman visible dans l'ouest de la France. Dans les galeries, nous avançons sous un toit de volutes, d'arches, soutenus par des piliers sertis de colonnes à chapiteaux sculptés. Des courbes qui apportent légèreté à la pierre et adoucissent l'aspect géométrique de la cour carrée, agrémentées d'un jardin et d'un puits circulaire.
Nous ne quittons pas tout à fait le cloître, même si nous avons rendez-vous quelques siècles plus tard, dans la «Maison d'Aliénor». Ici encore, la technologie moderne côtoie les temps anciens sans que rien ne jure pourtant, ni que le regard soit heurté. Dans la bibliothèque géante de la salle Mérimée, la magie nous interpelle. Des personnages, sous forme d’hologramme, sortent des livres, s'animent tour à tour, discutent, disparaissent, les cannons parlent, le feu s'éprend dans les étages. L'abbaye est racontée, cette fois par les protagonistes de son histoire dans sa gloire et ses péripéties. Dans la Salle Aliénor, un salon où nous suivons Octave de Rochebrune, graveur et aquafortiste du XIXème siècle, dans ses promenades d'études.
Puis nous sortons pour rejoindre une époque qui nous est plus proche encore, quoique...nous abordons la Maison de la Meunerie.
En France, les moulins à eau sont apparus dès le IVème siècle, ils se sont multipliés vers l'an mil. Les moulins à vent apparaissent, eux, en Europe, au XIIème siècle.
Le moulin de Nieul sur l'Autise construit en 1729, est un des rares moulinsen fonctionnement en France. Il tourne toute l'année en fonction du débit de la rivière Autise. Lors de la visite, on peut voir, au rez-de-chaussée, les engrenages, la roue à aube. A l'étage, le jeu des meules, la meule dormante et la meule tournante, la bluterie où la farine est séparée du son. Thierry le meunier de Nieul ne dort pas, Il fait fonctionner ce moulin toute l'année.
Tout a un commencement, dit-on, tout a une fin, pourtant il semble qu'à Nieul tout continue, ainsi que coule la rivière.
Vendée, pays de marais, de bocages et de mystères
Jurançon; à consommer avec curiosité