Lorsqu’il a annoncé qu’il célébrait ses 30 ans de carrière musicale, les fans ont sauté de joie. Une occasion en or pour accompagner leur vedette sur le podium et fredonner avec lui un Happy Birthday en chanson. Mais vite, les sponsors ont rechigné à accompagner Ben Decca dans cette aventure. Sur les réseaux sociaux, un mouvement est aussitôt né, #JeSuisBenDecca, pour apporter un soutien moral à ce géant de la Musique camerounaise et décrier l’attitude des mécènes. Ben Decca, lui, est resté serein et a tenu à relever le défi. Il fallait être de la fête le samedi 14 novembre 2015 dans la salle de spectacle de Douala-Bercy pour apprécier le résultat final.
Mais de l’avis de nombreux mélomanes, le pari a été gagné. A 10000 et 15000 F. Cfa (entre 15 et 22 Euros) le billet d’entrée, la salle de 800 places a affiché comble.
Le concert de Ben Decca
Pendant cinq heures d’horloge, Ben Decca a promené le public à travers son riche répertoire musical composé de plus de 135 chansons. Le rythme Makossa était à l’honneur, comme on pouvait bien s’en douter. Du makossa à l’ancienne. La grande «chorale» de Douala-Bercy a accompagné l’artiste dans l’interprétation des chansons: "Ebele ô Boso", "Sontanele", "Bonam", "Amour à sens unique", et bien d’autres. A l’écouter chanter, la voix de Ben Decca semble n’avoir pris aucune ride au fil du temps, au fil de 33 ans de carrière.Des années couronnées par plusieurs spectacles à travers le monde, l’obtention d’un disque d’or et la production de 24 albums.
Le 25ème album en cours de finition, a confié l’artiste. Pour l’auteur de "Muto Ka wa", ces noces de perles représentent «le bilan d’une vie. Un sentiment de travail inachevé et la possibilité de faire mieux». Un autre spectacle a eu lieu à Yaoundé et une tournée aux Etats-Unis et au Canada pour commémorer cet anniversaire.
Ben Decca : son histoire dans la musique
Son histoire avec la musique commence par des concours scolaires. Ben Decca est l’un de ces rares chanteurs qui ne côtoie pas les cabarets à ses débuts. Lorsqu’il pose ses valises en France, c’est son ami Joe Mboulè de regrettée mémoire qui déniche son potentiel et se propose pour la production de son œuvre.
Ben Decca craint la réaction de son père qui espère le voir embrasser une carrière dans l’aéronautique. Mais il se jette à l’eau et enregistre son premier 33 tours en 1981. Papa manifeste son mécontentement. Il s’y mettra progressivement, avec le temps. Son fils enregistre plusieurs autres albums à succès en France et excelle dans la chanson. Il chante en langue duala. Il y mêle quelques mots en français. Les thématiques abordées dans ses mélodies tournent autour de l’amour. Toujours l’amour. Lui qui n’aime pas la méchanceté et la délation a été décoré par le président de la République lors de la célébration de la fête de l'unité le 20 mai 2016.
Un symbole du Makossa
Dans la sphère musicale camerounaise, Ben Decca est né de ce que l'on a appelé à l'époque (entre 1976 et 1986) l'équipe nationale du Makossa qui regroupait des artistes de renom tels Manu Dibango, Jean Dikoto Mandeng, Vincent Nguini,Toto Guillaume, Aladji Touré, Jean Claude Naimro, Ebeny Donal Wesley, Jean-Marie Ahanda.
L'auteur de "Aimer" est une source d'inspiration pour plusieurs jeunes artistes camerounais et un souvenir inoubliable pour la vielle génération.
Expert automobile de formation, Ben Decca n’aime pas trop évoquer ce côté de sa vie. «Vous avez demandé à interviewer le chanteur», vous dira –t-il. Ce ressortissant du canton Deïdo, dans l'arrondissement de Douala 1er, est tout aussi passionné par le cinéma, aime regarder des films d’espionnage et des films d’amour.
Mathias Mouendé Ngamo