Dylan a souvent dérouté les médias durant les cinq dernières décennies. Tant mieux. Ses divers voyages musicaux l’emmènent aujourd’hui vers de nouvelles contrées, et il emporte les fans par la même occasion. Pour le meilleur, comme souvent dans son cas. C’est donc avec un triple album, justement appelé ‘’Triplicate’’, que le compositeur, chanteur, écrivain et poète, revient dire bonjour (et plus si affinités) à son large public de tous âges. Il revisite ainsi dans ses derniers opus les vieux standards de la chanson, en particulier ceux signés Frank Sinatra, pour des reprises somptueuses (comme il l’a déjà fait pour ‘’Shadows in the Night’’ en 2015 et ‘’Fallen Angels’’ en 2016).

Bob Dylan divise les trois disques de ‘’Triplicate’’ selon les thèmes des chansons. La liste des morceaux d'anthologie de l'époque est sans fin, et peut-être remis au gout du jour en permanence. Voici donc 30 autres classiques, qui font tous partie du patrimoine. Des titres comme “I Guess I’ll Have to Change My Plans”,“I Could Have Told You”,“Stardust”, ou encore “My One and Only Love” sont à écouter au coin du feu, pour mieux en savourer leurs honnêtetés et richesses. Alors oui, le cadre ne lui convient pas toujours mais, encore une fois, cet homme sort des cases (on se souvient de ses escapades gospel de la fin des 70s). De quoi dérouter, en effet, mais quoi de moins étonnant de la part d’un jeune homme qui n’a tout d’abord pas voulu chercher son Prix Nobel de littérature à Stockholm, ce qu’il va finalement faire ce week-end ?

Dylan, ou l’art de surprendre

Bob Dylan se tourne vers le passé pour ses dernières œuvres avec un hommage, doublé d’une empathie véritable, pour les chansons populaires de sa jeunesse. Ce grand amateur et connaisseur de blues et de rock fait la révérence à des dizaines d’autres auteurs-compositeurs, avec la discrétion qu’on lui connait (beaucoup de criards juvéniles feraient bien de s’en inspirer).

Le fait de reprendre Sinatra ou Billie Holiday n’est qu’un autre contre-pied, dont il est coutumier du fait. Peu lui importe, il n’en fait qu’à sa tête, afin de mieux poursuivre sa marche solitaire, en sifflant.

Nobélisé pour sa poésie, le voilà maintenant en train de chanter celle des autres, avec des accents blues, très doux.

C’est justement lors de sa tournée mondiale, qui passe par la Suède, que Dylan va finalement recevoir sa médaille et son diplôme, avec plusieurs mois de retards. En toute discrétion, avec une légèreté et un charisme que beaucoup ne posséderont jamais.