Beaubourg. Sous une pluie torrentielle, dix des membres du Collectif OA s’installent autour d’une grande table, cafés et bières à la main. Formés au Studio Muller à Paris, ces ex camarades de promotion ont lancé leur propre équipe, le Collectif OA. Composé de 15 comédiens, il regroupe des comédiens touche-à-tout, multipliant les casquettes dans le milieu du Cinéma et du théâtre. Le 23 février dernier, ils ont remporté le Prix du Public au Nikon Film Festival, pour leur court-métrage, Je suis enchanté. Tour à tour, chacun raconte l’histoire du projet.

Quelle est la genèse de Je suis enchanté ?

Alexandre Cœlot, comédien et compositeur, introduit l’entretien en revenant sur la création de l’équipe. « Nous avons monté le collectif OA car nous voulions travailler ensemble. Après 4 ans ensemble au Studio Muller, nous savions que cela matcherait bien entre nous. Cela fait notre force. Nous nous sommes dit qu’il fallait s’engager rapidement dans un projet ensemble et le Nikon a été une très bonne aubaine. Le jury nous a dit que c’était une très bonne idée d’avoir fait ça en groupe. » Laure Barbotte, scénariste de Je suis enchanté, mentionne ensuite les premières étapes de la conception du film. « Le réalisateur,Léo Paget, est parti du principe qu’il ne voulait pas un univers visuel qui soit d’aujourd’hui.Nous nous sommes vite mis d’accord sur la période 39-45. J’ai fait de nombreuses recherches jusqu’à ce que je découvre le fil rouge de notre intrigue, l’histoire vraie d’Annette Zelman et Jean Jauzion, qui ont été dénoncés par le père de ce dernier. Comme nous le montrons dans le film, le père de Jean indiqué dans sa lettre au Préfet qu’il ne voulait qu’aucun mal ne soit fait à Annette. Or, la réalité a été tout autre. »

Comment s’est organisé le tournage ?

Carlotta Antonucci, co-réalisatrice et première assistante du film, revient sur les différentes péripéties du tournage.

« A la base, nous souhaitions tourner dans les jardins du Palais de Compiègne, moyennant finances. Or, nous n’avions pas les moyens, nous nous sommes finalement rendus dans la forêt avec l’aimable autorisation de l’ONF [Office National des Forêts, ndlr]. Dans notre principal lieu de tournage, Saint-Jean-aux-Bois [à proximité de Compiègne, ndlr], nous avons rencontré les bonnes personnes, cela a été extrêmement motivant. Je pense notamment à la Mairie, d’une habitante, Séverine, qui nous a ouvert sa maison durant toute une matinée. Cela est très motivant de croiser des personnes généreuses, cela donne envie de se surpasser. » Alexandre en profite pour raconter une anecdote insolite.

« C’est au sujet de la voiture, la Traction. Nous étions avec Léo à Compiègne pour assister à un rassemblement de véhicules d’époque, mais nous n’avions rien trouvé. En fin de journée, lorsque nous nous apprêtions à partir, quand nous avons vu LA traction noire à un feu. Léo s’est mis à la suivre tout au long de son trajet. Je ne sais pas combien de temps cela a duré, il la voulait absolument pour le film. Lorsqu’elle s’est arrêtée, il s’est immédiatement entretenu avec le propriétaire pour savoir s’il pouvait nous la prêter et lui a donné sa carte. Je ne pensais pas qu’il nous rappellerait, et pourtant si. Nous avons eu une chance insolente. »

Arnaud Baillet, acteur principal du film, poursuit en insistant sur l’aspect touche à tout de l’équipe. « A la base, nous avions tous des postes techniques avant de faire les castings.

Etant donné que Léo était réalisateur et qu’Alexandre avait déjà pas mal de responsabilités sur le tournage, j’ai obtenu le rôle de Jean Jauzion. Une petite moustache, et cela a fait l’affaire [rires] ! Nous avons gagné un temps fou grâce à l’organisation, car Johanna [Blanc, comédienne au Collectif OA, ndlr] nous coachait pendant que Léo tournait d’autres plans. Dès qu’il nous appelait, nous étions prêts. La seule scène que nous avons travaillé c’est celle où je me fais bousculer par les policiers. C’était un tournage très confortable. »

La suite dans la deuxième partie