La sélection du prochain Festival de Cannes annonce encore un spectacle assez terne (avec peut-être quelques coups d’éclats, pour la galerie). Films français ronflants, réalisateurs américains talentueux, films asiatique très bien réalisés. La vraie surprise risque de venir de la télévision. Deux films produits par Netflix, le géant américain du streaming, seront en effet en compétition officielle. L’un d’eux, ‘’Okja’’, est en effet bien placé, sur papier, pour remporter un prix. Le long-métrage de Bong Joon-ho, interprété par Tilda Swinton et Jake Gyllenhaal, doit être mis en ligne à partir du 28 juin… et une date de sortie pour le grand écran n’est pas prévue.

L’autre sélectionné, ‘’The Meyerowitz Stories’’ de Noah Baumbach, va aussi être diffusé par le site créé par Reed Hastings et Marc Randolph. La Palme d’Or, pour la première fois de son histoire, ne va peut-être pas être diffusée dans les salles obscures.

Signe que le cinéma change, les modes de consommation également, et que d’autres médias sont en train de définitivement prendre le pouvoir. Le directeur des contenus de Netflix, Ted Sarandos, n’a pas caché sa joie à travers une annonce officielle : ‘’Nous sommes honorés de présenter au Festival de Cannes, pour la première fois, deux de nos films, réalisés par Noah Baumbach et Bong Joon-Ho. Ils partie des plus attendus.’’ Le délégué général du festival, Thierry Frémaux, a d’ailleurs partagé, lors de la conférence de presse dévoilant la sélection, son impression concernant ce cas de figure inédit.

Il déclare ainsi que le film de Baumbach a été produit par le new-yorkais Scott Rudin, qui est un habitué de la croisette. Frémaux précise aussi que l’autre fiction netflixienne en lice pour le grand prix devrait peut-être faire l’objet d’une sortie, selon un distributeur. Le PDG de ce grand de la VOD ne cache en tout cas pas son mépris des salles de cinéma, en prétextant que la distribution des films n’a pas bougé en 30 ans.

La guerre est déclarée…

Cannes et Netflix : le début d’un conflit ?

Le plus grand festival de cinéma du monde creuse-t-il sa propre tombe ? Thierry Frémaux pense que Cannes doit innover, car, selon lui, un film reste un film. Que celui-ci soit dévoilé au public par Netflix ou Amazon ne l’intéresse donc pas, il considère le festival comme un laboratoire.

Il continue son argumentaire en prenant le cas des séries télévisées, souvent populaires, qui reprennent pourtant tous les codes de la narration et de la production du cinéma." De plus, de grands réalisateurs, comme Martin Scorsese pour ‘’The Irishman’’, produit par Netflix, ou Woody Allen avec ‘’Café Society’’, né grâce à Amazon, se tournent aussi vers ces nouveaux modes de productions. Les jeunes cinéastes doivent d’ailleurs se tourner de plus en plus vers les petits écrans : télé, smartphone, tablette, ordinateur, afin de voir leur travail présenté à un large public. Quel avenir pour le septième art dans ce contexte? Peu importe, le plus important reste le scénario, les acteurs, et, surtout, pour nous, de ressentir des émotions, ne serait-ce que le temps d'une scène, ne serait-ce que le temps de quelques secondes…