On connaissait cette mode, qui rencontra un succès fulgurant il y a quelques années sur internet, ça s’appelait en bon français, le 'sleeveface'. L’activité consistait à ce qu’une personne se prenne en photo, cachant son visage ou une partie de son corps par une pochette de disque, afin de créer une mystification. Amusant et ingénieux, ces petits collages remettaient au goût du jour les pochettes d'albums vinyle. Les mises en scène toujours plus inventives les unes que les autres faisaient souvent décrocher un sourire amusé.
L'art du détournement n'a plus de limite
Amusant et ingénieux, ces petits collages remettaient au goût du jour les pochettes d’albums en vinyle. C’est peut être cette idée qui a poussé l’artiste philippin Eisen Bernard Bernardo à pousser le concept encore plus loin. L’artiste s’est, en effet, attaqué aux chefs d’œuvre de la peinture classique. Par un subtil jeu de superposition il insère les figures de la pop culture au sein même de tableaux illustres. Plus précisément, il intègre la une de magazines où posent des stars internationales au milieu de tableaux célèbres.
Par exemple Angelina Jolie à la une du mensuel 'Esquire', superposée à la Naissance de Vénus de Botticelli. Le mannequin Miranda Kerr couverture de 'Rolling Stone', recouvrant Adam et Eve de Cranach.
Le Vanity Fair italien avec Kate Winslet prolongeant la courbe du dos de l'Odalisque blonde de François Boucher.
L’artiste philippin veut-il prouver que son propre art du détournement peut rivaliser avec les toiles les plus célèbres ? Sa réponse est plus subtile et moins présomptueuse. il affirme seulement qu’en mêlant à de grands classiques de la peinture ses collages pop et modernes, il fait cohabiter les idéaux d’hier et les valeurs d’aujourd’hui.
Il invite le spectateur à se questionner sur le pouvoir de l'art. Celui d'hier et ses canons de beauté spécifiques ; et celui d'aujourd'hui et son rapport à la beauté.
Chaque époque invente sa beauté nous disait Fernand Léger, le célèbre artiste français au début du XXème siècle. Et bien en se faisant téléscoper toiles de maîtres et clichés de magazines de la culture pop, l'artiste Eisen Bernard Bernardo reformule le proposition de Fernand Léger, en lui insufflant une bonne dose de modernité et un sens de l'humour bien aiguisé. Plus que jamais cette maxime résonne à nos oreilles contemporaine avec une force toujours actuelle.