Au milieu du désert californien, près de Palm Springs, se déroule le gigantesque festival de coachella. Du 13 au 21 avril 2017, la scène du festival verra défiler ce que le gratin de la culture pop moderne a de plus hype, et de plus tendance, de plus lourds. De 'Radiohead' à 'DJ Snake', de 'Kendric Lamar' à 'Lady Gaga', les artistes qui participent à cet événement font partie des poids lourds de la profession. Or pour se rendre sur le site de ce mastodonte de la musique, à deux heures de route de Los Angeles, le festivalier emprunte la longue route nommée Gene Autry Trail.

Et longeant cette piste, il n'échappe à personne la multitude de panneaux publicitaires qui, comme des tâches indélébiles viennent piquer l'oeil. Tous les panneaux sont gigantesques. Tous sont là pour rappeler au voyageur qu'ici, la nature n'a plus son droit. Qu'ici, la consommation est reine. Que la publicité est la plus forte, et qu'elle a même le pouvoir de faire disparaitre le paysage.

C'est ce que dénonce l'artiste Jennifer Bolande

Cet amer constat, la photographe l'a fait aussi : lors de longs voyages en voiture la contemplation des paysages n'a plus sa place. L'idée simple de parcourir des yeux un paysage vierge de toute pollution visuelle n'existe plus. Où que se promène l'oeil du voyageur, il est toujours confronté à l'agression visuelle des panneaux publicitaires.

Aucun paysage n'est donné à voir que pour lui-même.

L'artiste a alors eu une idée saugrenue mais richement inventive pour y remédier. Elle a décidé de remplacer le contenu des panneaux publicitaires par des photos desdits paysages. Comme pour un parfait collage l'oeil tombe sur un panneau publicitaire qui ironiquement fait la publicité du paysage dans lequel il est installé.

La boucle est bouclée. Le paysage reprend sa place et le l'oeil se repose. La superposition est tellement subtile que placé à un point précis, le panneau disparait, le paysage réapparait. Alors on pense aux oeuvres anamorphiques de Felice Varini ou aux installations de François Morellet.

Son exposition géante qu'elle a nommé "Desert X" a un double objectif.

D'abord remettre en valeur la beauté de cette région et de ses paysages désertiques. Qui s'y ballade y décèle d'emblée la charge cinématographique qu'ont ses clichés. Et puis évidemment une portée politique et sociale : le monde aspiré par l'omniprésence de la publicité peut retrouver sa place, naturelle.