Tout a commencé en 2011, alors que les printemps arabes éclatent dans tout l'Orient, le Yémen mène sa propre révolution. Dès lors, le président Ali Abdallah Saleh quitte le pouvoir après un règne de trente-trois ans. En février 2012, le vice-président Abd Rabbo Mansour Hadi prendra la tête du pays, soutenu par l'Arabie Saoudite, dans le but de rédiger une nouvelle Constitution. Il est alors prévu que le pays devienne un état fédéral découpé en six régions. Cette proposition ne satisfait nullement les houthistes qui s'insurgent dès 2014. Le début de la Guerre éclate...
Les houthistes avanceront, alors, leur offensive, en septembre 2014, jusqu'à la capitale, Sanaa et en prendront le contrôle dès janvier 2015. Le président Hadi fuira d'abord vers le sud du pays, mais poursuivi par l'avancement des houthistes sur tout l'ouest, finira par s'exiler à Ryad, en Arabie Saoudite, en mars 2015.
L'Arabie Saoudite décide de s'en mêler et le 26 mars 2015 lance l'opération "tempête décisive". Il s'agît d'une coalition regroupant neuf pays arabes (Arabie Saoudite, Egypte, Maroc, Émirats Arabes, Jordanie, Soudan, Quatar, Koweït, Bahreïn) auquel se joint les États-Unis. La coalition lancera plusieurs bombardements sur le Yémen faisant des milliers de victimes et notamment des civils.
Le houthisme est un courant créé en 1994 par Hussein Al-Houthi. Regroupant une partie de la population se situant au nord du Yémen, à Saada. Les houthistes sont de confession zaïdite (branche du chiisme) et revendiquent une plus grande autonomie après l'unification du Yémen en 1990. Ils ont, pendant ces dernières années, déjà mené plusieurs insurrections.
Quels sont les véritables enjeux de la guerre au Yémen ?
Si Adel al-Joubeir, ministre des affaires étrangères de l'Arabie Saoudite, affirmait en août 2015, lors d'une conférence de presse à Jeddah, que l'Arabie Saoudite "n'a aucun intérêt et aucune revendication au Yémen" et que son seul souhait est que le pays soit "stable, prospère, sécurisé et en paix.
" Saïd Zulficar, analyste des questions internationales, pour sa part, émettait un doute sur les intentions de la coalition en rappelant que le Yémen était "une zone d'influence politique" pour l'Arabie Saoudite. Effectivement, le Yémen semble être l'enjeu d'une guerre froide des religions entre l'Arabie Saoudite et l'Iran. L'Arabie Saoudite étant de confession sunnite et l'Iran de confession chiite, ce dernier serait accusé de soutenir les houthistes qui partagent le même courant religieux. Enfin, il semblerait qu'Al-Qaida ait profité du chaos yéménite pour s'y installer et y prospérer, tout comme le groupe État Islamique. Avec des revendications politiques, de toutes parts, la scène internationale a, apparement, choisi de ne pas s'en mêler.
Pourquoi les yéménites sont victimes, aujourd'hui, d'insécurité alimentaire ?
Les associations humanitaires dénoncent la volonté des parties au conflit de les empêcher d'agir sur le terrain. Alors même, que 14,1 millions d'hommes, de femmes et d'enfants sont affamés par la guerre qui dure depuis deux ans et sans que la communauté internationale n'agisse. Des blocus de biens humanitaires sont organisés sur place ne permettant ni la distribution de la nourriture, ni la distribution des médicaments. Le comité international de la Croix-Rouge tire la sonnette d'alarme et rappelle qu'il "ne reste que trois à quatre mois pour éviter des famines massives au Yémen." Action contre la faim a, pour sa part, lancé une alerte aux dons pour tenter de sauver le plus de vies possible.
Sa directrice Véronique Andrieux a déclaré qu'il "est encore temps d'éviter le pire. Le soutien des bailleurs internationaux et du grand public ainsi que la mobilisation sur les crises en cours peuvent sauver des vies."
On déplore déjà 10 000 morts, victimes des bombardements de la coalition, des tensions entre les houthistes et le reste de la population yéménite ou encore d'attentats orchestrés par Al-Qaida. Mardi 25 avril, a été promis par les participants à la réunion de haut niveau sur la crise humanitaire au Yémen, 1,1 milliard de dollars d'aide.