Les Proies“ ou "The Beguiled", déjà adapté au cinéma par Don Siegel avec Clint Eastwood, est un roman, se déroulant lors de la guerre de Sécession.

Sofia Coppola réalise ce dernier long métrage, mettant en scène avec finesse la complexité de la femme. Le dernier film de la cinéaste, présenté à Cannes en 2017, déploie une beauté époustouflante et un casting incontestable. Les Proies" nous immergent dans une pension de jeunes filles en Virginie, où l'on découvre une communauté de femmes, alors que la Guerre de Sécession fait rage. Les jeunes femmes s'ennuient, entre cours de français, sieste entre deux conjugaisons, jardinage et prière avant souper, et leur ennui est mortel, le climat est pesant.

La directrice 'Martha Farnsworth' (Nicole Kidman) est présentée comme la mère de la communauté, son bras droit, l'enseignante 'Edwina Dabney' (Kirsten Dunst) lui obéit et encadre également les jeunes filles. À l'aube, une petite pensionnaire, part dans la forêt chercher des champignons. Elle découvre un soldat nordiste blessé, 'John McBurney' (Colin Farrell), elles décident de l'héberger. Cet accueil va très vite libérer les sentiments de jalousie et de désir au sein du groupe…

Il est vrai que ce dernier long métrage nous laisse “un tantinet“ sur notre faim. Il manque ce fameux "quelque chose en plus", que l'on retrouve dans “Lost in Translation“ ou bien dans "Virgin Suicides", devenu un film culte.

Rappelons qu'en 1999, le festival de Cannes s'embrasait pour ce film : Sofia Coppola a réussi à séduire Cannes avec ce ce long métrage magnifique, relatant la vie des soeurs Lisbonn et de la vision d'une adolescence pleine de désespoir. Avec "Les Proies", la cinéaste nous propose néanmoins un thriller passionnant, tourmenté, qui nous tient en haleine.

Le casting est glorieux, on retrouve une Nicole Kidman forte et inquiétante, dangeureuse et magnétique. Kirsten Dunst, la muse de Sofia Coppola nous dévoile une certaine fragilité et est habitée par un spleen émouvant. Elle Fanning, la petite dernière, que l'on retrouve dans "Somewhere" a cette fois grandi, c'est une apprentie femme fatale au regard profond et malicieux.

C'est donc l'occasion de sortir et d'aller voir "Les Proies" au cinéma. Vous ne l'apprécierez jamais autant que sur 'full screen', tant les images sont d'une esthétique à couper le souffle. Un travail de clair-obscur à la Vermeer, des matins brumeux à la Turner, des lumières aux tonalités de roses, des arbres gigantesques qui embrasent le lieu où l'action se passe.

En quelques mots c'est quoi le cinéma de Sofia Coppola?

La réalisatrice a démontré une certaine fascination pour la 'femme enfant', de préférence blonde au regard égaré, habillée de robes à fleurs pastels et au sourire espiègle. Cette muse devient la signature des longs métrages de Sofia Coppola, incarnée par la très belle Kirsten Dunst ou encore Scarlett Johansson dans "Lost in Translation" et Elle Fanning dans "Somewhere".

Sofia Coppola utlise ses lyres cinématographiques comme des pinceaux qui peignent un monde secret, mystérieux et mélancolique. L'atmosphère de ses films est lourde et fraîche, on se sent engourdi mais ravivé par ses personnages puissants.

Elle questionne la place de la femme au sein de chaque société qu'elle décrit et la rend forte. La pureté est le coeur par excellence dans l'oeuvre de Sofia Coppola mais aussi l'ennemi qui dévore ses héroines. Elles luttent entre la volonté d'être ces créatures immaculées et leur soif de liberté.