'Victoria' de Sébastian Schipper est problablement un des films allemands coup de poing de l'année 2016. Un film avec un parti-pris hasardeux, un plan séquence, et une montagne russe d'émotions. Difficile de ne pas être tenu en haleine du début jusqu'à la fin. 'Victoria' a réveillé mes sens et a complètement captivé mon attention pendant la durée du long métrage.

Engourdie d'alcool et de techno, Victoria, a dansé toute la nuit dans ce club berlinois. Elle décide de rentrer chez elle quand le jour se lève. Elle rencontre sur son passage, quatre petits délinquants locaux.

Une certaine fragrance d'insouciance plane sur ces rencontres, Victoria charmée et amusée se fait prendre dans l'euphorie de la nuit, la caméra sera l'ombre d'elle même, elle décide de les suivre.

L'héroïne Victoria : au coeur de notre attention

On est propulsé directement dans le vif du sujet, Victoria est une jeune femme pétillante, belle qui danse aux rythme des « beats », elle respire la jeunesse, l'insouciance, la fraicheur, elle est belle. Sur les 'beats' assez froids de "Burn with Me", de Dj Koze, nous voila retranchés dans le coeur underground berlinois. Dès le commencement, on est avec elle tandis qu'elle se prépare à avaler un dernier 'shooter chnapes' (en allemand...), et à récupérer son petit manteau.

Victoria c'est une petite espagnole qui vient de débarquer dans cette ville sans 'borders'. Victoria c'est peut être toi comme moi, découvrant la ville, fascinée et à la fois perdue. Dans sa peau, tant la caméra l’effleure, on ressent ce sentiment d'être 'homesick', elle ne parle pas la langue, elle observe autour d'elle et sait qu'elle n’appartient pas à ce monde là.

Elle sort de ce club et les emmerdes commencent. Les emmerdes, c'est d'abord l'attrait incommensurable pour le jeune Sonne et son groupe d'amis. C'est ensuite la décision de les suivre...

Les emmerdes ce sont celles qu'elle a au fond d'elle. Elle est seule, à besoin d'une épaule sur laquelle elle puisse reposer sa tête et ses problèmes.

Seulement voilà Victoria c'est aussi la définition même de la femme enfant, celle qui veut vivre à cent à l'heure, celle qui veut crier sur les toits berlinois, celle qui veut danser toute la nuit , celle qui part travailler trois après. Victoria, c'est la jeunesse d'aujourd'hui. La jeunesse qui pousse ses limites encore plus loin. On vit chaque instant avec elle, on lui tient la main, on la comprend, parfois on ne la comprend pas, on l'aime on la déteste. La caméra est son ombre, elle ne s'arrête jamais, elle s'amuse avec elle, la suit, la traque jusqu'a la fin des deux heures et vingt minutes de film. Le choix technique de la réalisation nous renvoie au destin des protagonistes. Ce plan séquence renvoie à une vie, une fatalité, à une décision.

Les acteurs sont uniques. L'autonomie offerte dans l'improvisation de leurs répliques, produit un réalisme exceptionnel. On se sent saisi par le danger qui nous traque tout au long du film.