La libellule est associée au changement ! Et si vous vous échappiez de la monotonie quotidienne et du Paris pluvieux pour voyager à travers des paysages divers et envoûtants ?

C'est ce soir que la Mairie du 6ème arrondissement de Paris, en face de l'église Saint-Sulpice, a inauguré la 72ème exposition organisée par la Société des Peintres-Graveurs. Cet évènement arbore le thème au combien chéri par les artistes, le Voyage! Elle se tiendra jusqu'au samedi 3 mars 2018 et sera ouverte du lundi au vendredi, de 10h30 à 17h, le jeudi de 10h30 à 19h et le samedi, entre 10h et 12h.

Retour sur mon excursion éphémère.

L'estampe, un médium dépaysant!

Si les expositions de peintures, de sculptures, de dessins sont relativement réputées auprès d'un vaste public, l'Estampe est quant à elle assez peu reconnue. Et cela est bien dommage ! Ce médium offre une grande diversité de techniques, permettant toutes les folies, toutes les envies. Du noir, du blanc, de la couleur : il est impossible de ne pas rencontrer une oeuvre qui retiendra l'attention. L'estampe, c'est aussi la possibilité de redécouvrir le noir, cette teinte considérée trop souvent comme uniforme. Les différentes techniques, notamment la manière noire et l'aquatinte, apporte à cette teinte différentes profondeurs, différents aspects.

On peut aisément se laisser hypnotiser par le velouté d'une manière noire et plonger entièrement dans l'estampe.

Parlons technique ! Les procédés de l'estampe usent de trois matériaux principaux : le bois, le métal et la pierre calcaire. Chacun de ces supports sont autant de possibilités artistiques. La gravure sur bois fonctionne à la manière d'un tampon (les parties creusées par les outils n'apparaissent pas sur la feuille lorsque la plaque a été encrée et imprimée).

La lithographie (littéralement "dessin sur pierre") se base sur les principes de répulsion de l'eau et des corps gras. Cette technique offre la possibilité d'un dessin plus fluide car l'artiste peut laisser libre court à son imagination en crayonnant sur la pierre comme on dessinerait sur une feuille. La gravure sur métal, directe ou indirecte, offre des résultats différents en fonction de la technique utilisée : la manière noire fait apparaitre la lumière du noir ; l'aquatinte apporte un aspect de lavis ; le burin des traits nets, précis ; la pointe sèche un tracé plus velouté ; l'eau forte des moyens de superposition de plans.

A cette diversité étonnante, s'ajoute la possibilité aux artistes d'ajouter des couleurs : papiers colorés, collages, encres éclatantes. L'artiste n'a plus qu'à choisir sa technique, ou les mélanger, afin de servir au mieux les errances de son esprit. Et c'est en représentant toutes ces techniques que l'exposition permet au public de voyager à travers les procédés et les univers artistiques.

La Société des Peintres-Graveurs français

Elle a vu le jour en 1889 avec la volonté de perdurer, et a voyagé à travers le temps pour être toujours active de nos jours. Petit point d'histoire : Félix Bracquemond en est le créateur. Or ce dernier n'est pas un inconnu du milieu de l'estampe et artistique de façon générale.

La gravure, au XIXe siècle, est loin d'être un médium aussi méconnu qu'aujourd'hui. Elle est présente dans le quotidien de toutes les classes de la société (dans les journaux, dans les rues, avec la naissance de l'affiche, dans les livres etc.). Artiste graveur, il promeut le renouveau de l'estampe au travers de la gravure originale. Le graveur doit donc s'imposer comme un peintre pour lequel l'acide, les burins et les pointes sèches remplaceraient les pinceaux et les tubes de peintures. C'est par ses conseils que de nombreux artistes, Millet, Manet, Corot, Degas, Pissaro, dont il n'est pas la peine de souligner la renommée, se sont tourner vers la gravure. Ils ont trouvé dans la palette de techniques offertes par l'estampe, des moyens nouveaux d'expressions ou de recherches graphiques.

La naissance de la Société des Peintres-Graveurs français s'inscrit dans cette engouement pour l'estampe, et notamment dans la lignée de la Société des Aquafortistes, à laquelle Bracquemond avait adhéré, et qui visait déjà à renouveler, promouvoir, diffuser la technique de l'eau-forte. Les membres se sont succédés à travers le XXe siècle, en gardant cette ambition de promouvoir l'estampe. La précédente exposition s'était déjà tenue dans les murs de la mairie du 6ème arrondissement. Elle a donc voyagé à travers les siècles et nous offre aujourd'hui une nouvelle exposition.

Des voyages divers!

L'accrochage offre au public des choix multiples. Des espaces urbains enneigés (c'est de saison!) de J-B Sécheret ; des intérieurs scientifiques par E.

Desmazières ; des paysages épurés et lumineux chez M.Maillard ; une ville en bleu et rouge avec les linogravures de P. Hémry ; des flammes, de la végétation, de l'abstraction. Ce voyage, proposé par la Société des Peintres-graveurs, s'individualise dans chacune des estampes proposées (plus d'une centaine). Outre les déplacement entre les différents ensemble, il s'agit également, d'un échange entre des graveurs confirmés et reconnus et des talents nouveaux. C'est donc un un voyage dans le paysage artistique contemporain qui s'offre aux publics.

L'exposition remplit donc sa promesse de voyage. Le visiteur, attiré par le bouche à oreille ou les les affiches, n'a plus qu'à se laisser guider et suspendre un moment son quotidien pour se délecter d'un voyage gratuit au coeur de la capitale !