Le 14 janvier dernier Mediapart, Le Monde et Canard PC, publiaient un dossier à charge contre Quantic Dream. Fruit d'une collaboration entre les trois médias, l'enquête dénonçait, entre autres, une culture d'entreprise "dysfonctionnelle et toxique", des pratiques salariales et managériales abusives... Ce dont le studio parisien de David Cage se défend formellement depuis, à grand coup de communiqués et, d'après ses dires, "d'actions juridiques". Mais la politique pourrait bien venir s'en mêler...
danielle simonnet, conseillère de Paris, élue du 20e arrondissement, oratrice de la France Insoumise et coordonnatrice du Parti de Gauche a interpellé cette semaine le conseil de Paris sur le cas Quantic Dream.
Citant le dossier du 14 janvier et à plusieurs reprises "la culture toxique", l'élue a demandé une surveillance accrue du studio et plus généralement de l'ensemble des organismes ayant reçu des fonds publiques. En effet, le studio spécialisé dans le Motion Capture a bénéficié d'aide provenant de la ville de Paris dans le cadre du soutien aux "secteurs innovants", en parallèle l'élue a appelé à cesser la suppression de postes à l'inspection du travail et au contraire à l'augmentation des effectifs.
Rappelons toutefois que pour l'instant, il ne s'agit que d'une enquête journalistique, pas judiciaire ! Certes le dossier de Mediapart et leurs confrères semblent solide et leurs réputations lui donne une certaine crédibilité, mais par soucis d'honnêteté : on rappellera simplement que les propos rapportés viennent, entre autres, d'anciens employés en conflit avec le studio.
S'il semble nécessaire d'aller au fond des choses, en ce qui concerne les accusations de racisme, d'homophobie et de sexisme (ces dernières trouvant un drôle d'écho quand on parle de David Cage), mais une partie de ses allégations portant sur les pratiques salariales et managériales, ne surprennent pas vraiment et en feront même probablement sourire certains...
Une prise de conscience tardive pour Quantic Dream
Employés sur qualifiés aux salaires risibles, heures supplémentaires obligatoires et non rémunérées, contrats temporaires et bataillon de stagiaires... Il est depuis longtemps de notoriété publique que tout n'est pas rose au pays des pixels !
Fonds publics ou non, en France ou à l'étranger, l'industrie vidéo-ludique est connue pour son environnement professionnel difficile : concurrence drastique entre ses acteurs, surabondance de main d'œuvre...
Et encore, pour peu qu'on veuille la jouer cynique et donner dans les bruits de couloirs : mieux vaux travaillés pour un studio relativement bien établi et bénéficiant d'un semblant de notoriété, que dans l'un des nombreux sous-traitants qui existent sur le marché : complètement écrasés par les poids lourds du secteur et les contraintes de temps/rentabilités ridiculement élevés, ils ont pour réputation d'être au-delà du "toxique" !
Certains tirent depuis longtemps la sonnette d'alarme sur une industrie qui carbure toujours plus à coup de grandes franchises, de titres triple A et de coûts de développement pharaonique. Prophétisant chaque année une "atteinte des limites économiques" et le "besoin de réinventer l'industrie"...
Mais peut être que les premiers à craquer, à avoir atteint leurs limites, bien avant les studios ou les éditeurs, se seront tout simplement les développeurs, graphistes, Game designer et autres petites mains du jeu vidéo...
Alors peut-être, serait-il effectivement temps de se pencher sur ce qui se passe derrière les annonces de l'E3, les trailers épiques et les Award de fin d'année, histoire de s'assurer qu'on ne finisse pas par avoir honte des jeux qui trônent sur nos étagères...