On me demande bien souvent ce qu'est le Cap-Vert. Outre le fait que je puisse commencer à expliquer que c'est un archipel d'îles volcaniques au large du Sénégal, la question sous-jacente serait plutôt la suivante : "Quelle est la culture du Cap-Vert ?". J'ai pris l'habitude de répondre : "Tu prends un quart de Portugal, un quart d'Antilles, un quart d'Afrique de l'Ouest, un quart de Brésil, tu mets le tout dans un shaker...
Et tu obtiens l'harmonieux mélange cap-verdien!"
Vous me demanderez alors en quoi ce mélange est si heureux et tellement réussi. Tout d'abord, de par les énormes métissages réalisés depuis tant de générations, vous ne trouverez ni Blanc, ni Noir. Et le visiteur étranger y est le bienvenu. Même moi qui passe si souvent pour une curiosité exotique avec ma peau ambrée et mes cheveux blonds, que ce soit dans les villes ou à la campagne, je peux me fondre aisément dans le paysage.
Bien plus que l'ethnie, il y a aussi la langue. Le Portugais a beau être la langue officielle, entre eux, les habitants parlent le criolo, un savant dosage de créole lusophone, mêlé entre autres, de wolof et de différentes langues africaines. Et enfin, bien que toute la nation soit officiellement catholique, les croyances sont diverses et variées...
Bien plus que religieux, les Cap-Verdiens sont des êtres spirituels, dont le rapport avec l'éternité est humaniste, allant ainsi à l'encontre de tout dogme.
Tout cela est bien joli, me direz-vous. Pensez-vous peut-être que je pèche par excès d'utopisme ? Je vous assure que ce n'est pas du tout le cas. Morabeza est le maître-mot de toutes les îles. C'est un peu l'équivalent de la dolce vita italienne : douceur de vivre, ouverture au monde, solidarité, joie partagée et liberté de cœur et d'esprit. J'y ai passé trois printemps successifs, à visiter et découvrir chacune des îles, une par une. Après mon troisième et dernier voyage, j'ai songé : "Et si la solution... c'était justement le modèle cap-verdien ?"
Grâce à cet énorme brassage d'ethnies, de langue et de religion, le Cap-Vert ne connait ni racisme, ni fanatisme, ni guerres de religion.
Bien sûr, cela ne s'est pas fait en un jour. Mais si ce pays devenait l'Exemple ? Si au lieu de rester confiner parmi ceux qui nous ressemblent, nous nous mariions et faisions des enfants avec celui ou celle qui est notre antithèse ? Imaginez alors que dans trois ou quatre générations, nous serions tous tellement métissés, que nous ne ferions plus qu'une seule et même humanité et que notre seule dénomination commune serait "citoyens du monde".
"I have a dream"... Je sais, Martin Luther King l'a dit avant moi, mais en ces temps troublés où les nationalismes surgissent de toute part, ne serait-il pas bon de se pencher avec amour et philosophie sur le monde que nous pourrions offrir aux générations à venir ?
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