Le décret ouvertement islamophobe de l’administration Trump à l’égard des nationaux de sept pays musulmans est révélateur d’une tendance de fond maintes fois décriée. Son leadership ouvertement incorrect et ses valeurs, en opposition avec celles de ses concitoyens, ne pouvaient qu’entrer en collision. Et ce n’est que le début. Un mouvement national et international de soutien, tout azimut, s’est élevé d’une seule voix contre ce qui est l’expression la plus dérangeante d’islamophobie assumée. Nous avions bien vu, par le passé, des lois, décrets et positions politiques ambivalentes.

Mais tous avaient l’intelligence de masquer leurs pensées profondes d’un semblant de bonne conscience et de scientificité. Trump, par un éclatement de sa vérité, se fiche de la décence. Sous couvert d’un discours sécuritaire brimbalant se cache une véritable inaptitude à définir une politique étrangère viable et humainement acceptable. Bannir des innocents et des civils d’entrée dans un territoire où ces-derniers ont famille, amis, passé, présent et futur est l’acte le plus enrageant qui soit.

Trump, la peur comme moteur de l’action politique

Mais, qu’est-ce qui peut porter un tel décret ? Ceux sont les réminiscences d’un orientalisme qui n’a guère perdu de sa force à l’aveu d’Edward Saïd. L’orientalisme se base sur des suppositions, prémices et idéologies irréels ou pseudo-scientifiques.

Instaurant un imaginaire commun et stable, il répand une idée d’Orient. Or, cet Orient n’est que fantasme. Si, par le passé, les entreprises coloniales et impériales reposaient sur cette construction mi- scientifique mi- rêvée, la forme moderne est plus pernicieuse : Le néo-orientalisme. Qu’entendre par ce terme ? Le sociologue Asef Bayât expose la chose de façon simple : l’islamophobie.

L’Autre est compris comme une menace aux valeurs, au mode de vie, à l’histoire et à la vie des Occidentaux. Dès lors, la suspicion, la crainte et la peur organisent les rapports entre Orient et Occident. Qu’y-a-t-il a de terrifiant dans ce mouvement ? C’est que l’on peut aujourd’hui être ouvertement islamophobe et, sous le couvert d’arguments fallacieux ou pseudo-scientifiques, présenter ses idées comme acceptables. Ironie du sort, l’histoire nous a récemment appris que l’on peut même être président en supportant de telles idées.