Dans l'antiquité, les Grecs, du haut de leur puissance aux confins des continents européen, asiatique et africain, furent inextricablement liés entre eux par toute une série de mythes et légendes. Ces derniers étaient en quelque sorte le ciment de l'Empire tant que tant les populations éparpillées sur les Iles de la Méditerranée et les possessions continentales crurent en ce qui ressemble aujourd'hui à des fables. En tout cas, même les très éminents Aristote et Platon en furent convaincus. Parmi ces mythes et légendes, le plus célèbre était sans doute « l’existence » du redoutable tartare, tenu par le dieu de l’enfer et des mondes souterrains, Hadès.
C’est la région inférieure des enfers, où sont larguées les âmes des damnés qui enfreignent les lois des dieux. Selon les croyances de l’époque, les âmes qui s’y trouvent croupissent éternellement dans une souffrance indescriptible.
En l’état actuel des choses, les prisons haïtiennes comportent certaines similitudes au lugubre tartare de la mythologie grecque antique. Ceci est particulièrement vrai pour la principale maison carcérale d’Haïti, le pénitencier national à Port-au-Prince. En effet, cette Prison regorge de prisonniers qui y mènent une vie infernale : zéro soin de santé, manque d’alimentation, entassement tels des animaux, pour ne prendre que ces trois paramètres. Primo, côté soin de santé, les autorités portent quotidiennement préjudice au droit des détenus en les privant des soins nécessaires à leur survie.
Les infrastructures logeant ces pauvres détenus ne sont pas en adéquation avec le rôle qu’elles sont censées remplir. Bon nombre de prisons ne disposent même pas de toilettes. D’où l’obligation pour les prisonniers de déféquer parfois à même le sol dans les cellules. Ce qui a contribué actuellement au décès de plusieurs dizaines de prisonniers qui a conduit à un émoi général dans le pays, à l’exception des politiques.
Deuxio, côté alimentation, la plupart des centres de détention de la République ne disposent pas d'assez de nourriture dans leurs dépôts pour nourrir les prisonniers. Résultat : une malnutrition chronique, des visages émaciés puis la mort. In fine, côté numéral, les prisons haïtiennes comptent parmi les plus surpeuplées du Globe, avec une majorité de gens en situation de détention préventive prolongée.
Pour preuve, le pénitencier abrite environ 5.000 détenus alors qu’il fut construit pour un nombre ne dépassant pas le millier. Ses « cellules de la mort » comptent par dizaines les prisonniers, avec, de surcroît, une insalubrité digne d’une vraie déchetterie.
Prison en Haïti, les prisonniers sont-ils tous condamnés à mort ?
S’il est vrai que les prisons sont importantes dans une société, il est tout aussi vrai qu’elles constituent un lieu de transformation positive des citoyens qui transgressent les lois dument établies par ses représentants. En aucun cas, les cellules ne doivent être transformées en mouroirs. En effet, si la mort c’est le but de la prison, pourquoi ne pas exécuter les détenus dès lors qu’ils sont reconnus coupable ?
Hélas ! aujourd’hui, nos prisons ne remplissent plus leur rôle de transformation, de refaçonnement et de rééducation citoyenne. Elles s’apparentent de plus en plus au redoutable tartare qui « infligeaient » les pires châtiments à ses éternels résidents. Quand nos décideurs politiques entendront-ils les cris des impénitents au fin fond des tartares à l’haïtienne ?