Roskomnaddzor, un organisme de surveillance des médias russes, a menacé de bloquer l'application de messagerie Telegram. Ce bannissement aura lieu si sa société de gestion n'est pas conforme à la loi russe, et ne fournit donc pas les données nécessaires à l'enregistrement officiel des données. "Je dois affirmer qu'à ce stade, nous avons manqué de toutes les manières possibles les négociations officielles avec l'équipe de Telegram", a déclaré le responsable de Roskomnadzor, Aleksandr Zharov, dans un communiqué publié vendredi.

Cette mise en garde, reprise par l’agence de presse Reuters et Russia Today, précise aussi que l'application populaire doit remplir le formulaire avec toutes les informations sur l'entreprise qui dirige Telegram.

Ce service devra ensuite officiellement envoyer ces données à Roskomnadzor afin qu'elle puisse inclure la société sur un registre des "organisateurs de diffusion de l'information", a également déclaré Zharov avant d’ajouter que "L'inclusion du messager dans le registre signifie que Telegram est disposé à travailler en vertu de la législation russe". Le statut juridique du service de messagerie ne changera pas s'il est inclus dans le registre.

Cependant, le comité de surveillance des médias n’a toujours pas reçu de réponse venant de l’administration du principal intéressé… "En cas de refus de remplir les obligations de diffusion de l'information par l'organisateur, Telegram sera bloqué en Russie. Jusqu'à ce que nous recevions les informations requises.

Le temps accordé par Roskomnadzor pour une prise de décision est en train d'être épuisé.", précise aussi le communiqué. Si Telegram fournit les données indispensables, la société sera obligée de conserver et, si nécessaire, de partager les discussions des particuliers et leurs cryptokeys sur demande légale.

Il est en effet intéressant de disposer de toutes les informations nécessaires à des vérifications, surtout quand on voit le profil de certains utilisateurs…

TELEGRAM accusé de faire le jeu de terroristes

Telegram est dirigé par Pavel et Nikolay Durov. Cependant, le service affirme qu'il n'est pas lié à la Russie, ni ‘’légalement’’ ni ‘’physiquement’’.

Pavel Durov a, de plus, qualifié le blocage éventuel du service de ‘’paradoxal’, prétextant que les autorités russes ‘’n'interdissent pas le contrôle américain’’ de WhatsApp ou Facebook Messenger. Ce dernier se montre par la suite plus incisif et déclare que "si Telegram est bloqué, toute la correspondance entre les responsables russes et leurs amis et familles, et d'autres données sensibles dans WhatsApp / Viber, serait transmise à Apple iCloud / Google Drive, contrôlé aux États-Unis". Ce communiqué menaçant a été publié sur le réseau social russe VKontakte (In Contact), également créé par ses soins. Durov y précise que son application est "neutre pour les terroristes et les criminels qui utilisent sa messagerie’’, avant de préciser qu’il ignore le profil des utilisateurs de Telegram.

Ceux-ci sont plus de 100 millions, avec 350000 nouveaux profils créés chaque jour. 15 milliards de messages y sont postés au quotidien. Europol a accusé Telegram il y a quelques semaines, dans le Financial Times, de refus de se joindre à la lutte antiterroriste. Ce réseau a de même été accusé de servir de moyen de communication aux jihadistes de l'Etat islamique, dans le cadre de la préparation d’attentats. De nombreux pays s’en inquiètent, dont l’Iran. Le Kremlin semble maintenant considérer, de façon officielle, Telegram comme un danger pour la sécurité nationale.