Dans une interview accordée à un journal ivoirien l’expert constitutionaliste, Dr Kouao Julien Geoffroy par ailleurs auteur de l’ouvrage « La troisième République est mal partie » a donné son avis sur la présidentielle de 2020. Selon lui l’actuel locataire du palais présidentiel d’Abidjan-Plateau, Alassane Ouattara ne peut pas briguer un troisième mandat. Il a fait cette sortie pour répondre aux militants du Rassemblement des Républicains (RDR) qui souhaitent voir leur mentor à la tête du pays en 2020. « Le débat ne se pose pas en ce sens que l’intéressé lui-même a dit à la face du monde et des Ivoiriens qu’il ne sera pas candidat en 2020.

Donc je ne vois pas pourquoi les uns et les autres voudraient remettre en cause la parole présidentielle » a déclaré Dr Kouao Julien Geoffroy.

Ouattara va-t-il tenir parole?

Il a aussi fait savoir qu’en démocratie, il est loisible à toute personne de vouloir briguer le fauteuil présidentiel si elle remplit les conditions. Il est aussi loisible a-t-il ajouté, pour les partis politiques et surtout leurs partisans de choisir le cheval, le meilleur qui pourrait les représenter à une élection présidentielle. « Donc si les partisans de M. Ouattara souhaitent qu’il se représente en 2020, c’est leur droit seulement, l’intéressé lui-même dit qu’il n’est pas candidat. Donc je pense qu’il serait bien pour ses partisans de chercher un autre cheval en dehors de M.

Ouattara qui à l’évidence n’est pas intéressé par la présidence de 2020. Si par extraordinaire, les partisans amenaient M. Ouattara à revenir sur sa décision, ça poserait un problème de crédibilité de la parole publique. Et une candidature de M. Ouattara abimerait considérablement la démocratie ivoirienne. Ouattara ne peut pas être candidat en 2020 » a révélé le constitutionnaliste.

Du strict point de vue du droit, la constitution de Côte d’ivoire dispose que le président de la République est élu pour un mandat de cinq (5) ans. Il est éligible une seule fois. C’est le principe de la limitation de mandat à deux (2). L’interviewé a informé le conseil constitutionnel à faire preuve de maturité dans la sélection des candidats à la présidentielle de 2020.

« Donc un président de la République en Côte d’Ivoire ne peut pas faire plus de deux (2) mandats. Dans les cas de figures, nous avons un juge des élections c’est-à-dire le conseil constitutionnel. C’est à lui de décider, au temps opportun qui peut être candidat ou pas. Seulement la question qui se pose ici est de savoir, M. Ouattara ayant fait deux mandats sous la deuxième République et actuellement son mandat coure sur la troisième République, est-ce que la nouvelle Constitution s’applique à son premier mandat ? » s’interroge l’interviewé. Il soutient en effet, la loi est faite pour l’avenir. Elle ne saurait donc rétroagir.

Une candidature de Ouattara risque de bouleverser le pays

Cependant, il y a certaines exigences démocratiques qui garantissent certaines dispositions de la Constitution.

Parce que si on raisonne ainsi, ça veut dire qu’il aurait fallu organiser de nouvelles élections présidentielles puisse que l’ancienne constitution a été abrogée. Elle n’a plus d’effet. Et la nouvelle a été mise en place en novembre 2016. « Si cette nouvelle constitution ne s’applique pas aux dispositions de l’ancienne, ça veut dire qu’il faut organiser de nouvelles élections présidentielles parce que M. Ouattara a été élu sous l’empire de la constitution de 2000. Mais il est toujours président. Et l’élection présidentielle est prévue pour 2020. La constitution dispose que le président est élu pour cinq ans. La dernière élection a eu lieu en 2015 et c’est ce délai de cinq ans qui coure jusqu’à présent.

Si la nouvelle constitution ne concernait pas M. Ouattara puisqu’elle a été adoptée en 2016, les nouvelles élections présidentielles devraient avoir lieu en 2016 et c’est cinq ans plus tard c’est-à-dire en 2021, qu’on aurait une nouvelle élection. Je pense que tout ça c’est du juridisme. Il faut aller sur la base de la morale politique, de la crédibilité de la parole publique » a affirmé Dr Kouao Julien Geoffroy. Le juriste a souhaité une réforme des organes en charge des élections à savoir le conseil constitutionnel et la commission électorale indépendante. Pour finir, il a appelé à l’application stricte de la nouvelle constitution de Côte d'Ivoire pour éviter des problèmes électoraux lors de l’élection présidentielle de 2020.