En Turquie et en Syrie, le bilan du Séisme de lundi dernier et des puissantes répliques qui l'ont suivi, ne s'arrête pas de s'alourdir et le nombre de personnes retrouvées mortes est tragiquement en nette augmentation. Malgré une météo et des conditions très difficiles, les secouristes se relayent jour et nuit pour tenter d'extraire les victimes des décombres. La situation est catastrophique, des centaines de morts et de blessés, des victimes encore vivantes sous les décombres et des habitants dans la rue dormant dans leurs voitures ou dans des abris de fortune.

A la douleur et au désespoir de la population touchée par ce drame s'ajoute la colère. Les critiques ne cessent de monter contre les défaillances dans la gestion de cette tragédie par les autorités turques. Répondant à ces critiques publiées notamment sur Twitter, rendues depuis inaccessibles dans le pays par les opérateurs de téléphonie mobile, le président Recep Tayyip Erdogan a reconnu des "lacunes" dans la réponse apportée à ce sinistre.

Ce jeudi 9 février, la Turquie fait état d'au moins 12 873 morts et de 50 000 blessés alors que plus de 3 162 décès et 5 000 blessés sont dénombrés en Syrie. Le mauvais temps entrave lourdement les secours et les chances de retrouver des survivants s'amenuisent de jour en jour.

De très nombreuses victimes restent encore piégées dans les décombres de milliers de bâtiments ravagés par la catastrophe.

La recherche des survivants entravée par le froid

Trois jours après ce violent séisme et à cause des températures glaciales et des voies de communication très endommagées, la sécurité civile sur place peine à porter les secours nécessaires.

Dans le froid et parfois à mains nues, les sauveteurs mènent une "course contre-la-montre" pour aider les rescapés et rendre les corps retrouvés sous les décombres à des familles qui pendant ces trois derniers jours, ont pleuré leurs morts. Selon les chiffres officiels d'hier mercredi, les secours ont déjà retirés plus de 8 500 corps en Turquie.

D'après l'Afad, l'organisme public de gestion des catastrophes turc, plus de 113 000 personnes sont mobilisées, dont 5 700 volontaires étrangers, venus dans le cadre de l'aide internationale. Le soutien logistique peine à se mettre en place, les tentes et les couvertures sont insuffisamment distribuées pour héberger les sinistrés.

Les populations touchées par le séisme dans le besoin

Ce drame et cette détresse ont envahi les populations sur place. Des régions entières ont été dévastées avec des milliers de sans-abri. Les rescapés se retrouvent sans logement, à la merci d'une météo extrêmement difficile et des conditions de survie inhumaines. Ils attendent impatiemment une aide humanitaire conséquente qui met du temps à s'installer.

Des ONG sur place ont lancé des appels aux dons. En Turquie, "les autorités ont déclaré l'état d'urgence dans dix provinces" et "décrété un deuil national de sept jours". Selon le président turc, 45 pays ont proposé leur aide. En Syrie voisine, l'appel lancé par les autorités de Damas a été surtout rapidement entendu par la Russie.

L'Organisation mondiale de la santé a averti que "le bilan pourrait dépasser 20 000 morts" et craint une crise sanitaire majeure qui pourrait causer beaucoup de dommages en raison de la rupture des services essentiels. L'ONU a aussi réagi en insistant pour que l'aide soit fournie à tous, particulièrement en Syrie dont une partie du territoire extrêmement touchée n'est pas sous le contrôle du gouvernement.

Une région à haut risque sismique

Géologiquement, la région est à la limite de plusieurs plaques tectoniques. La plaque arabique au sud, eurasiatique au nord et anatolienne au niveau de la Turquie. Ces plaquent bougent en continu, entraînant des tensions à densité variable. Lorsque la pression devient trop forte, les plaques avancent sans prévenir et cette dynamique produit des séismes majeures. Les secousses de ce tremblement de terre ont été ressenties jusqu'au Liban, en Jordanie et en Israël.

Sur la surface du sol, ce séisme a visé des régions densément peuplées et a lourdement affecté particulièrement le sud de la Turquie et le nord de la Syrie. Mais les regards sont braqués sur l'épicentre se situant à Kahramanmaras, une ville de plus d'1 million d'habitants à 60 km de la frontière syrienne, complètement défigurée par la catastrophe.