Les faits divers montés en épingle par les journaux télévisés influencent massivement en particulier lorsqu’ils touchent la sécurité. En 2002, trois semaines après la tuerie de Nanterre, alors que la thématique de l'insécurité monte déjà en puissance, l’agression à son domicile d’un retraité de 72 ans, suscite alors tout l’intérêt des médias télévisés et le sujet tourne en boucle 2 jours avant le premier tour. La politique de l’insécurité est largement payante, et les leaders politiques le savent parfaitement. Pas étonnant ensuite que Lepen marque des points mais finalement, cela sert toujours "l'autre" candidat du second tour.
Quand on sait que 90% des médias français sont détenus par 9 milliardaires, la France se retrouve ainsi à la 45eme place mondiale concernant la liberté de la presse !
Quand un riche homme d'affaire, 3ème fortune de France possède Libé, L'Express, L'Expansion, RMC, BFM TV et même SFR et que l'on constate que certaines infos sont favorisées et d'autres mises de côté, nous avons des raisons de nous interroger sur la neutralité de l’info et du choix des programmes (en 2014, le ministre de l'Economie, E. Macron autorisait le rachat de SFR par Patrick Drahi contre l’avis de son prédécesseur A. Montebourg. La valeur du groupe de Drahi a plus que doublé et fait gagner plus de 14 milliards € à ses actionnaires dans les 6 mois qui ont suivi la décision).Le livre "La tyrannie de la communication" d'Ignatio Ramonet en témoigne, nous sommes désinformés.
Le trafic d'influence est bien présent de même que le lobbying politique, plus puissant que jamais. Les dirigeants libéraux leur donnent toujours plus de pouvoir en privatisant les instances démocratiques et en privilégiant le dialogue avec les entreprises au détriment des intérêts des populations, de leurs représentants, des ONG.
Et cela sous couvert d’œuvrer pour l’intérêt général économique. D'une part le lobbying non démocratique, mais qui restent pour une large part légale, les groupes d’intérêt, groupes de pression. Mais moins analysé, il existe une part subtile et illégale des pratiques des lobbies nationaux et internationaux tels les nombreux bureaux d’études (CEPS, EPC), les cabinets de conseils, d’agences de relations publiques ou d’affaires publiques, car certains travaillent et sont financés par les transnationales, afin d’exercer une influence sur les décisions des élus politiques ou valider des normes ou produits de consommation qui sont fort discutables du point de vu de l'intérêt collectif mais servent surtout le business.
Les sondages politiques influencent également les intentions de vote.
Une enquête de l'Institut d'études cognitives des médias et de la publicité (MediaMento) en témoigne. Le monarchiste, Alexis de Tocqueville affirmait ne pas craindre le suffrage universel, arguant que les gens « voteront comme on leur dira ». Si la propagande existe depuis des lustres, les dirigeants ne bénéficiaient pas des puissants outils d’aujourd’hui. Les hommes politiques ne se privent pas d’utiliser tous ces outils pour influencer l’opinion publique même à travers des faux comptes ou des fake news. Lastroturfing, consiste à se servir des réseaux sociaux pour influencer la masse. Derrière la campagne électorale de Donald Trump, Steve Bannon avec Breitbart News, son usine à “fake news”, et Peter Thiel, le Mr Numérique de Trump, fondateur de Palantir, startup iconique de la surveillance de masse.
Citons aussi Alexander Nix, qui a utilisé la psychométrie et la Big Data pour servir le Brexit, et puis le rôle joué par les hackers et Wikileaks dans la campagne présidentielle américaine…On sait aussi qu'en terme de statistique, tout peut être facilement biaisé, d'ailleurs, Snowden a révélé que le CGHQ (services de renseignement anglais) sait manipuler n’importe quel sondage. Tout est pensé stratégiquement, même si tout ne peut être maîtrisé. Face à l'indignation provoquée par les affaires Fillon, quand le journal Le Point annonce Fillon / Lepen au second tour, est-ce un coup de poker pour capter massivement les votes sur Macron, en réaction par peur de devoir voter Fillon contre Lepen?
Le concept d’insécurité désigne une large palette de peurs souligne Robert Castel dans son ouvrage « L’insécurité sociale »
La précarité face à l’incertitude économique liée au chômage, la peur engendrée par la criminalité, les violences urbaines. Mais aussi les risques environnementaux et leur impact sur l’insécurité collective (le nucléaire…). Les risques pour la santé, pollutions, pesticides, grippe aviaire, vache folle en passant par le cancer, le diabète, et autres maladies du siècle. Mais il faut comprendre que le sentiment d’insécurité établit une relation dialogique avec le besoin de protection et c’est alors le candidat qui semblera le mieux répondre à ce besoin qui est susceptible d’attirer finalement, les plus « peureux » ou tout simplement les personnes en situation d'insécurité accrue.
Il est une autre peur viscérale humaine qu'il devient urgent de mettre de côté, c’est la peur du changement, car il semblerait qu’il devient plus que nécessaire !