Un Hommage national sera rendu samedi au chanteur décédé d’un cancer du poumon dans la nuit du 6 décembre dernier. Son cercueil descendra à midi les Champs-Élysées depuis l’Arc de Triomphe, accompagné de plusieurs centaines de bikers, et passera par la Place de la Concorde avant d’arriver à la Madeleine pour une cérémonie religieuse. Un concert sera organisé sur le parvis de l’église et le tout sera retransmis en direct à la télévision et sur écrans géants.

1500 policiers assureront la sécurité et les axes de circulation et les stations de métros de la zone seront fermés.

Dès l’annonce du décès de Johnny Hallyday, l’évocation d’un hommage voire de funérailles nationales a créé un débat dans la section commentaires des journaux en ligne et sur les divers réseaux sociaux, entre les pour et les contre. Que l’on apprécie ou non celui qu’on surnommait Jojo, ou bien qu’on en soit indifférent (on a le droit), il faut bien reconnaître que peu de célébrités lui seront arrivées à la hauteur.

Une part de la mémoire collective

On peut toujours débattre de ce qui fait la valeur d’une personne, mais Johnny Hallyday était unique.

Premier artiste du pays à chanter sur du rock’n’roll, il a importé et popularisé le genre et a réussi à faire bouger une vieille France gaullienne, habituée à la chanson à texte des Piaf, Gréco et autres Trénet. Il n’était donc pas étonnant de voir l’hystérie des jeunes de l’époque face à son déhanché, sa musique et son look. On peut considérer que ce bouleversement a préparé l’évolution sociale et culturelle de la France. Il aura touché toutes les couches de la population, et même servi de facteur d'intégration pour certains comme Zohra Bitan, chroniqueuse des Grandes Gueules sur RMC.

Certes, il n’a fait qu’interpréter les chansons qu’on lui écrivait ou composait, mais contrairement à un grand nombre d’artistes, il faut souligner sa grande qualité artistique et technique.

Sa voix, sa capacité à chanter juste sur plusieurs octaves et à tenir avec autant de puissance et parfois d’émotion sur la durée, était son plus grand talent. Son talent comme acteur était certes moins connus voir apprécié, il est néanmoins apparu dans une trentaine de films et quelques pièces.

Enfin, épris de liberté et de rêve américain, le personnage même était fascinant de par sa passion pour les motos et le spectacle grandiose de ses concerts, mêlant son, lumières, feux d’artifice et mises en scène originales, que ce soit en émergeant d’un poing, en arrivant en hélicoptère ou en se frayant un passage à travers 60 000 fans déchaînés.

Très peu sont ceux qui auront vendu 100 millions d’albums, enregistré plus d’un millier de chansons différentes, chanté des centaines de duos, fait plus de 3000 concerts et surtout auront fait une carrière de 57 ans sans jamais lasser les gens, voire même à attirer chaque nouvelle génération.

Quand on voit des adolescents et des enfants entonner ses tubes, on est soulagé de voir que sa mémoire n’est pas près d’être oubliée.

Pour avoir influencé à ce point la société française, pour avoir rendu heureux tellement de gens par son énergie, ses messages et, pour ceux qui l’ont connu, sa simplicité, pour avoir eu une carrière de plus d’un demi-siècle tel le règne de Louis XIV, on peut dire « Le Roy est mort, Vive le Roy ! ». Pour tout cela, pour avoir été patriote en faisant avec coeur son service militaire, oui, Johnny Hallyday mérite largement un hommage national !

Évasion fiscale ou simple liberté de propriété ?

On reproche également à Johnny Hallyday (mais aussi à d’autres artistes comme Gérard Depardieu ou Florent Pagny) d’être parti vivre à l’étranger pour éviter de payer ses Impôts, mais d’avoir profité de la Sécurité sociale française.

Or rien n’est plus vrai. La soif de liberté de Johnny s’étendait aussi à la façon dont il utilisait l’argent qu’il gagnait honnêtement. Issu d’un milieu modeste et perçu comme un libéral de droite, c’est grâce à son succès qu’il a bâti sa fortune, sans forcer les gens à acheter ses disques ou à aller à ses concerts, et en échange de ces biens et services, il était légitime de gagner beaucoup d’argent. Le lui reprocher serait de la jalousie. Lui reprendre son argent serait du vol.

Dans une interview du 24 décembre 2006 au quotidien Le Matin, il déclarait que « payer ses impôts, c’est logique, mais au tarif français, non, c’est de l’abus. Pour ce qui me concerne, on arrive à une imposition de 72% de mes revenus » On ne peut lui donner tort.

Avec ses propriétés en France (taxes foncières et d’habitation) et ses activités professionnelles (TVA + salaires et cotisations de dizaines de techniciens), il faisait partie de ceux qui payaient plus d’impôts chaque année qu’un citoyen lambda dans toute sa vie. Alors ses frais d’hôpital, ça fait bien longtemps qu’il les a payés.

La solidarité, certes légitime, ne peut être confiscatoire, car la liberté prévaut sur toutes les autres valeurs. Et si on se dit un pays égalitaire, on doit tous avoir le même taux d’imposition. Même à 14 %, la deuxième tranche, celui qui gagnait 8 millions d’euros par an en aurait reversé tout de même plus d’un million. Et puis, quand on a le coeur de proposer d’héberger dans sa villa les sinistrés d’un ouragan, on n’a aucune leçon de morale à recevoir !

Que l’on s’occupe plutôt de ceux qui ne payent quasiment aucun impôt en faisant remonter les profits vers l’étranger, tout en rendant les gens malades…