Une fois n'est pas coutume, la gauche devrait arriver divisée à l'heure de se présenter au premier tour de l'élection présidentielle. Malgré quelques rapprochements ces derniers temps, les égos n'ont pu être surmontés, notamment entre Benoit Hamon, candidat du Parti Socialiste, et Jean-Luc Mélenchon, candidat de la France insoumise. Les deux hommes, poussés par leurs camps, devaient se rencontrer, et surtout se parler. Finalement, c'est par téléphone, vendredi soir, que les deux candidats ont échangé. Un rendez-vous était même fixé pour cette semaine.
La lueur d'une possible alliance a finalement été rapidement éteinte par Jean-Luc Mélenchon, lors d'un post Facebook datant de samedi. « Étrange méthode. J'ai pris contact avec Benoît Hamon et un rendez-vous est fixé à la semaine prochaine. Mais j'apprends ce matin qu'il vient de mandater sans crier gare Thomas Piketty pour présenter un projet de « création d'un parlement de la zone euro » ! », explique le candidat de la France insoumise, en colère après cette nomination. « Est-ce une façon de créer un problème insurmontable entre nous en 2017 ? Alors autant s’épargner les simagrées unitaires actuelles ! », achève Mélenchon, actant l'enterrement d'une possible alliance, quelques heures seulement après ce fameux coup de téléphone.
Mais au pessimisme de ce dernier s'oppose l'optimiste de Benoît Hamon.
Hamon rassemble, Mélenchon s'isole
En effet, le candidat du PS est persuadé qu'il peut encore faire plier Jean-Luc Mélenchon. Invité dimanche du Grand Jury RTL/LCI, Benoît Hamon a décidé de jouer sa dernière carte : celle d'une alliance obligatoire, afin d'éviter un deuxième tour opposant la droite à l'extrême droite.
« C'est la raison pour laquelle je serai tenace, têtu. Je respecte les égos, j'en ai moi-même un. Mais si la dynamique se confirme, vous verrez, elle parviendra à vaincre bien des réticences », a assuré le candidat socialiste. Une confiance renforcée par l'accord trouvé avec Yannick Jadot. Les candidats écologistes et socialistes se rencontrent ce lundi, et un vote d'ici la fin de semaine devrait permettre à Jadot de retirer officiellement sa candidature, et de se ranger derrière Hamon.
Là où Mélenchon s'isole, Hamon arrive donc à rassembler. « Aujourd'hui, je suis le mieux placé pour faire gagner la gauche », n'hésite pas à affirmer le candidat du Parti Socialiste. Crédité de 14% dans le dernier sondage Ifop-Fiducial, Hamon devance en effet Mélenchon (11%). L'apport des électeurs écologistes (2%) devrait permettre à l'ancien ministre du quinquennat Hollande de se rapprocher un peu plus de François Fillon (18,5%) et d'Emmanuel Macron (19,5%). De là à se qualifier pour le deuxième tour de la présidentielle, même sans le ralliement de Jean-Luc Mélenchon ? Difficile à imaginer. Convaincus de leurs destins et de leurs succès à venir, les deux hommes ont tenté un rapprochement, sans trop faire d'efforts. Et le dimanche 23 avril, au soir du premier tour de la présidentielle, c'est sans doute l'électeur de gauche qui n'aura que ses yeux pour pleurer...