Lundi soir, lors du premier grand débat de la présidentielle, François Fillon a su éviter les coups de ses adversaires sur le thème de la moralisation de la vie Politique. « J'ai commis des erreurs, j'ai des défauts, qui n'en a pas ? », assurait le candidat Les Républicains en forme de conclusion du débat. Seulement voilà : les affaires pourraient revenir au premier plan, la faute à Bruno Le Roux. Le désormais ex-ministre de l'Intérieur a démissionné mardi, moins de 24 heures après que TMC ait révélé les nombreux contrats concernant ses filles en tant qu'assistantes parlementaires.

La justice n'a même pas eu le temps de trancher que Le Roux a été « débranché ». « Lorsqu’on est attaché à l’autorité de l’Etat, on est impeccable face aux institutions et aux règles qui les régissent. Sans quoi l’autorité de l’Etat est abaissée et, l’autorité de l’État, ça commence par cette exigence et cette rigueur », expliquait Bernard Cazeneuve, premier ministre, qui a pris la décision, en compagnie de François Hollande, de mettre fin à la fonction de Bruno Le Roux. Le but : éviter de saboter la campagne de Benoît Hamon... et remettre un coup de pression sur François Fillon. « L'exemplarité et la célérité avec lesquelles Bruno Le Roux a présenté sa démission ne font que souligner l'absurdité et la dangerosité avec lesquelles vous vous entêtez, sans aucunement vous soucier des effets délétères de votre obstination sur notre démocratie », explique même le Parti Socialiste, dans un communiqué, en s'adressant directement à l'ancien premier ministre de Nicolas Sarkozy.

Bruno Le Roux, François Fillon... « tous pourris » ?

De son côté, Emmanuel Macron a profité de la démission de Bruno Le Roux pour rappeler sur Twitter que « J’ai un programme clair sur la moralisation de la vie politique. Il faut restaurer de la confiance et normaliser les choses ». Son porte-parole, Christophe Castaner, va plus loin.

« C'est aussi un cruel camouflet à François Fillon et Marine Le Pen, qui mettaient en avant une espèce de théorie du complot pour leurs propres affaires ». En effet, le candidat de la droite et du centre n'avait cessé de dénoncer une justice instrumentalisée et des médias dressés contre lui. Or ce sont les médias qui ont révélé l'affaire Le Roux, sur laquelle la justice devrait bientôt se pencher.

« Je constate que le parquet national français ne s'est toujours pas saisi quand il lui a fallu moins de 24h lors des révélations du Canard », ironise tout de même Hervé Morin, soutien de Fillon, sur Twitter. Les affaires, qui plus est concernant l'emploi de proches, ne sont pas une bonne nouvelle pour François Fillon, qui pourrait être mis dans le même sac que Bruno Le Roux par les électeurs adeptes du « tous pourris ». A un mois de la présidentielle, cette affaire est donc un nouveau rebondissement pour le candidat Les Républicains, qui compte désormais huit points de retard dans les sondages sur le duo composé de Marine Le Pen et Emmanuel Macron. Autant dire un véritable gouffre...