Battu avec 20,01% des voix, soit un peu plus de 7 millions d’électeurs, François Fillon n'a pas hésité dimanche soir : il votera Emmanuel Macron, arrivé en tête avec 24% des voix, le 7 mai prochain, au second tour de la présidentielle. Une position du candidat qui n'était pas forcément celle de son parti. Alors pour statuer, le parti Les Républicains a réuni son bureau politique lundi soir. Sa décision est claire : « voter contre Marine Le Pen pour la faire battre au second tour de l'élection présidentielle ». Une position sur laquelle se sont alignés plusieurs poids lourds des Républicains dimanche soir, quelques minutes seulement après l'annonce des résultats.

Alain Juppé, Jean-Pierre Raffarin, François Baroin, Christian Estrosi, Xavier Bertrand., Jean-François Copé, Luc Chatel, Valérie Pécresse.. ils ont tous appelé à voter pour le candidat d'En Marche le 7 mai. Dans un communiqué, Nathalie Kosciusko-Morizet va plus loin et « regrette » l'absence de décision « claire » de la part du bureau politique LR. De son côté, l'ancienne candidate à la primaire de la droite et du centre « appelle sans ambiguïté à voter pour Emmanuel Macron. Pas une voix ne doit manquer pour battre Marine Le Pen ».

Le choix de la présidentielle crucial avant les législatives

Soutenir ou pas Emmanuel Macron, une question qui divise le parti Les Républicains depuis dimanche soir 20h.

En effet, ils sont également nombreux à dénoncer l'absurdité d'un soutien au candidat du mouvement En Marche. « C’est suicidaire pour notre parti. " Moi, je ne sais pas faire élire quelqu’un et le lendemain déclencher une campagne législative pour avoir des députés qui seront contre lui. C’est complètement incohérent », dénonce le député Pierre Lellouche au micro de Europe 1.

Sur le plateau de BFMTV, le député Georges Fenech estime que « je ne peux pas appeler à voter Macron parce que je suis dans l'opposition de Macron », craignant même que « nous, Républicains, risquons de disparaître de l’Assemblée nationale dans un mois. La plus hostile à Emmanuel Macron reste Françoise Hostalier, ancienne secrétaire d’État à l'Enseignement scolaire et membre du parti Les Républicains.

Pour elle, comme elle le confie à La Voix du Nord, « ce n'est pas possible que Macron devienne président », dénonçant au passage la proximité du candidat d'En Marche avec François Hollande, ainsi que sa position sur la Guyane ou encore la colonisation.

La présidentielle de 2022 en tête ?

Derrière ce débat de clans se cache surtout la bataille des législatives, face à En Marche, au Front National et à une gauche en miettes. François Fillon a d'ailleurs et déjà affirmé qu'il ne serait pas en première ligne pour ce nouveau combat. « Je vais redevenir un militant de cœur parmi les autres. Je vais devoir penser ma vie autrement, panser aussi les plaies de ma famille », assure l'ancien premier ministre de Nicolas Sarkozy.

Malgré l'échec de François Fillon, les Républicains pensent tout de même qu'ils sont capables de ressortir de ces législatives avec une majorité parlementaire. La rencontre de Christian Estrosi avec Emmanuel Macron début avril n'est pas étrangère à cet objectif bien précis. Un « accord » pourrait-il être passé entre Les Républicains et En Marche dans plusieurs départements ? La question est posée.... tout comme celle de la succession à la tête du parti de droite. En quelques mois, Les Républicains ont perdu, politiquement parlant, Nicolas Sarkozy, Alain Juppé et François Fillon. Dans la tête des quadragénaires du parti LR, c'est peut-être aussi l'élection présidentielle de 2022 qui se prépare déjà...