Pour Jean-Luc Mélenchon, les planètes seraient-elles en train de s'aligner ? Auteur de débats télévisés convaincants, excellent orateur dans le cadre magnifique du Vieux Port de Marseille, le candidat de la France insoumise n'en finit plus de percer dans les sondages. Depuis plusieurs jours, il s'approche même des 20%, talonnant le duo de tête composé de Marine Le Pen et d'Emmanuel Macron, et dépassant même au passage François Fillon.
Se placer devant le candidat Les Républicains, un tournant pour Jean-Luc Mélenchon lui-même. En effet, au micro de RTL, le député européen assure que ces intentions de votes mettent à mal l'idée du « vote utile » en faveur de Macron pour éviter un deuxième tour Le Pen-Fillon. « Les gens peuvent se dire pourquoi pas Mélenchon ? », explique le candidat de la France insoumise, qui voit un Emmanuel Macron, au socle électorale friable, « s'effondrer ». En effet, selon les enquêtes d'opinions, le candidat du mouvement « En Marche ! » est considéré comme le favori, mais il est aussi celui pour lequel les électeurs sont le moins sûr d'aller voter.
La moitié de son électorat ne serait pas certaine de voter pour l'ancien ministre de l'Economie, ce qui le mettrait en difficulté face à un Mélenchon qui rassemble de plus en plus à gauche.
Une présidentielle inédite sous la cinquième République
Face à un Macron friable et un Fillon empêtré dans les affaires, Jean-Luc Mélenchon croit donc en sa chance d'affronter Marine Le Pen au second tour de l'élection présidentielle le 7 mai prochain. Preuve de ce nouveau statut, l'homme de gauche est désormais testé dans les enquêtes d'opinions en vue du deuxième tour. Avec un score de 57%, il battrait largement largement la candidate du Front National (43%) selon les chiffres fournis par Kantar Sofres. En revanche, il s'inclinerait avec 47% face à Emmanuel Macron (53%).
La perspective d'un deuxième tour opposant l'extrême droite à l'extrême gauche est d'ailleurs inédite, car l'idée de voir deux partis historiques éliminés dès le premier tour, Les Républicains et le Parti Socialiste, paraissait improbable il y a encore quelques mois. Une élimination dès le premier tour de la présidentielle devrait laisser place à une guerre de clans et de chefs du côté des deux partis.
Une présidentielle cauchemar pour le Parti Socialiste
Concernant le PS justement, plus dure est la chute. La dynamique de Jean-Luc Mélenchon correspond aussi à l’effondrement de Benoît Hamon. Passif lors des débats, au contraire d'un Mélenchon qui a monopolisé l'attention, le vainqueur de la Primaire de la Belle alliance populaire est désormais donné à 8% dans les différents sondages.
Ce mardi, une troublante affaire est même venue perturber la campagne de l'ancien ministre de François Hollande. En effet, un étrange SMS, d'un expéditeur inconnu visiblement, a été envoyé à plusieurs députés socialistes afin de leur annoncer le retrait de Benoît Hamon en faveur de Jean-Luc Mélenchon. En jeu : un Parti Socialiste tentant de sauver la face en vue des législatives à venir, qui promettent d'être explosives pour le parti au pouvoir. Le directeur de la campagne du candidat socialiste a rapidement démenti, mais une telle affaire traduit bien la bascule opérée depuis quelques temps. En effet, après sa victoire à la primaire, c'est Benoît Hamon qui avait appelé Jean-Luc Mélenchon à se retirer et à se rallier derrière sa candidature... Désormais, Hamon espère sans doute sauver les meubles en repassant au-dessus de la barre des 10%... avant d'appeler à voter Mélenchon au soir du premier tour, le 23 avril prochain ? Pas impossible...