Après Jacques Chirac, Nicolas Sarkozy et François Hollande, Angela Merkel rencontrait lundi son quatrième Président de la République française en la personne d'Emmanuel Macron. Ce dernier a été accueilli de manière triomphale par le public, un accueil comme les observateurs allemands n'en avaient plus vu depuis Barack Obama. Il faut dire que l'Allemagne a joué un rôle important dans l'élection d'Emmanuel Macron. Très tôt, Angela Merkel s'est prononcée en faveur du projet européen présenté par le leader du mouvement « En Marche ! ». « Le rêve des populistes n’a pas d’avenir en Europe », soulignait-on outre-Rhin après la victoire de Macron face à Marine Le Pen au second tour de la présidentielle le 7 mai dernier.
« Après Geert Wilders aux Pays-Bas, Marine le Pen, une ennemi de l’Europe et une raciste, a encaissé une sérieuse défaite. C’est une bonne nouvelle pour la France, pour l’Allemagne et pour l’Europe ». Une bonne nouvelle surtout pour Angela Merkel, qui espère trouver un collaborateur de qualité... et de parole. En effet, depuis dix ans, Nicolas Sarkozy et François Hollande ont multiplié les promesses envers la Chancelière, sans vraiment de résultat.
Emmanuel Macron tient à rassurer Angela Merkel
Apparu complice dès la première poignée de mains, le duo franco-allemand s'est ensuite réuni pour discuter de différents sujets, avant de prendre la parole devant la presse. C'est d'ailleurs Angela Merkel qui a pris la parole en premier, se félicitant à nouveau de l'élection de Macron et de sa visite à Berlin.
Les deux chefs d’État se sont notamment accordés sur un point : la montée des populismes en Europe est un signe fort. « Le sujet des changements de traité fut un tabou français, en l’espèce il n’y en aura pas avec moi », a ainsi martelé le Président de la République. Angela Merkel s'est dit ouverte à la question, même si la Chancelière, actuellement en période d'élection, ne devrait pas prendre de décision importante avant le résultat des législatives allemandes dans quelques mois.
Surtout, Berlin a peur. Peur de devoir continuer à payer pour l'ensemble de l'Europe, comme ce fut le cas par le passé. Emmanuel Macron a ainsi tenu à rassurer, affichant son opposition à « la mutualisation des dettes du passé ». L'Allemagne en locomotive avec une France forte à ses côtés pour redonner confiance en l'Europe ?
C'est l'objectif commun d'Emmanuel Macron et d'Angela Merkel.
Le retour d'un axe Paris-Berlin fort
Emmanuel Macron, qui a tenu à ne pas évoquer en longueur la nomination d’Édouard Philippe au poste de Premier ministre, a également fait part de son avis au sujet des négociations avec la Grande-Bretagne concernant le Brexit. Le Président de la République a rappelé qu'il ferait preuve de fermeté sur le sujet, s'exprimant sous le regard attentif d'Angela Merkel. Cette conférence de presse, c'était aussi une découverte plus approfondie, pour l'un et pour l'autre, de son allié. Emmanuel Macron et Angela Merkel ont d'ailleurs souligné l'importance d'un retour d'un axe Paris-Berlin fort. Ce n'est qu'à ce prix que l'Union européenne sera encore capable de fonctionner à l'avenir.
Les deux chefs d’États en sont conscients, eux qui ont affiché certaines différences mais qui se sont retrouvés sur de nombreux sujets. Afficher sa volonté propre, c'était également un enjeu Politique fort pour Emmanuel Macron lors de ce premier déplacement à l'étranger. En effet, lors de la campagne présidentielle, Marine Le Pen avait assuré que « la France sera dirigée par une femme, ce sera moi ou Madame Merkel ». S'il y a bien une chose que le Président de la République a prouvé lundi, c'est qu'il est capable de faire entendre sa voix.