Aucun doute à avoir là-dessus, Emmanuel Macron est appelé à voir s'agiter, en permanence devant lui, l'étiquette de "président des riches". Et si l'idée lui est clairement insupportable, force est de constater qu'elle se distille de plus en plus vite dans l'opinion publique depuis la présentation de sa politique budgétaire pour 2018. En effet, des détails gênants ont vu le bout jour, comme sait souvent les exhiber une presse friande de scandales. Ainsi donc, avec des yachts, des lingots d'or et des voitures de luxe désormais non imposables, difficile de ne pas donner corps à l'idée d'une société où les plus nantis le seront davantage.
C'est d'ailleurs dans ce sens que l'OFCE rendait, au début de l'été, son analyse de l'impact des propositions fiscales et budgétaires Macron sur le revenu des classes sociales, et notamment celles des plus aisés et des moins aisés. Des riches toujours plus riches, c'est la principale information ressortie de cette étude qui a estimé que 46% des richesses créées sous le quinquennat Macron seront partagées entre les personnes appartenant à la tranche des 10% les mieux lotis sur l'échelle de classement par revenu. Une analyse largement remise en question par un rapport du Trésor paru ce mercredi.
Des écarts de projection significatifs entre le Trésor et l'OFCE
Aux 46% de revenus nouveaux répartis entre les 10% les plus aisés de la population, le trésor répond qu'il ne s'agira en réalité que de 27%.
Ainsi donc, les 10% les plus pauvres verront leur niveau de vie augmenter de 2,1% en opposition aux 1% de l'OFCE, tandis que les 10% les plus riches ne connaîtront qu'une progression de 1,2% contrairement aux 2,6% envisagés par l'OFCE. Pour la direction générale du Trésor, le gain de pouvoir d'achat devrait donc, à priori, être deux fois plus important pour les classes les plus démunis, à la différence de ce que laissait entendre jusque-là l'OFCE.
Un décalage important au niveau des éléments d'analyse
Pour comprendre les différents écarts constatés entre l'analyse du Trésor et celle de l'OFCE, il faut s'intéresser de près aux éléments pris en compte par chaque partie. Ainsi, il faut, d'une part, considérer l'omission par l'Observatoire français des conjonctures économiques de mesures comme la revalorisation et la généralisation du chèque énergie, la baisse des APL, ou encore la transformation de l'aide fiscale liée aux services à la personne en crédit d'impôts, non précisées au moment de l'étude dans le programme du candidat Macron.
Et d'autre part, il est à noter une différence de chiffrage sur les gains générés par d'autres mesures comme l'instauration de la flat tax (TFU) estimés par l'organisme à 4 milliards d'euros pour les plus aisés contre 2 milliards arbitrés par le Gouvernement. On se dirige donc vers une bataille d'analyses qu'Emmanuel Macron espère pouvoir remporter. Ainsi, qu'il s'agisse d'économies ou d'investissements, le Gouvernement est désormais sur le pied de guerre.