Après la succession inédite d'attentats qu'a connue le quinquennat de François Hollande, le président Macron espère bien, avec son mandat, donner un coup de frein significatif à la machine terroriste en pleine expansion en Europe. Et dans une société qui s'est sentie particulièrement touchée en son cœur, le Chef de l'Etat a envie d'aller vite, tout en ménageant les esprits. D'ailleurs, un projet de loi antiterroriste est depuis quatre mois en préparation dans les services du ministre de l'intérieur Gérard Colomb. En ligne de mire, c'est la levée de l'État d'urgence qui se joue pour un retour à la normale avec, cette fois, l'application d'un droit commun mieux outillé contre la question terroriste.
Toutefois, Emmanuel Macron ne compte pas s'arrêter en si bon chemin, car de son aveu, la guerre contre le terrorisme doit se mener sur tous les fronts. À l'extérieur, le Président de la République œuvre pour une remise à plat de la politique française. Aux renseignements, il vise une meilleure coordination des services afin de limiter les marges d'erreur sur l'information. Pour se faire, le Chef de l'État a mis en place une "task force" rattachée aux services de l'Élysée, le "centre national du contre-terrorisme". Cette nouvelle organisation, dont le champ d'action restait jusque-là flou, révèle peu à peu à la lumière les contours de son travail.
Un renseignement plus stratégique
Si sa jeunesse ne permet pas encore d'apprécier convenablement son apport aux services de renseignements, l'objectif recherché lors de sa mise en place est louable.
Donner, malgré son absence de pouvoir opérationnel, plus de prise sur le renseignement au Président de la République. À sa charge donc, il s'agit de faire le tri entre des milliers de notes écrites chaque année, de gommer les éventuels angles morts dans la lecture des analyses et d'assurer au Chef de l'État de disposer en temps opportun d'une information plus précise et de valeur plus conséquente pour une réponse adaptée de l'antiterrorisme.
D'ailleurs, dans l'optique de satisfaire à la priorité stratégique du CNR-CNCT, la période estivale aura été chargée en recrutements pour le préfet Pierre de Bousquet de Florian, actuel patron de l'organisme. Autre innovation de l'approche globale recherchée par l'Elysée dans la prise en charge du renseignement, l'association de l'analyse de sources d'information potentielles venant du système pénitentiaire, de la gendarmerie et même de chercheurs. Une vingtaines d'analystes et de conseillers donc qui signent une avancée majeure pour l'Exécutif alors qu'il est en proie aux polémiques de toute sorte.