La Suisse est réputée pour offrir à ses habitants un des niveaux de vie les plus élevés au monde. A un point tel qu'un Français se baladant dans les rues de Genève peut avoir l'impression d'être un Soudanais déambulant dans les rues de Paris. Bonne nouvelle pour les Suisses, ce n'est pas prêt de changer. Thethys Oil, une entreprise suédoise, vient d'annoncer avoir découvert d'immenses réserves de gaz dans le lac Léman.
La taille exacte n'a pas encore pu être mesurée avec précision, mais on parlerait de 40 000 milliards de mètres cubes. Ce qui accorderait à la Suisse environ 20% des réserves mondiales de l'or bleu, devant le Qatar, la Russie, l'Arabie Saoudite, etc. L'exploitation de ces réserves par Berne accorderait à nos amis Helvètes l'indépendance énergétique pour... 300 ans, au bas mot! De quoi voir venir la transition énergétique bien au chaud et à l'abri des fluctuations de prix que laisse prévoir la raréfication du gaz. Le PIB suisse pourrait par ailleurs augmenter de plus de 13% par an si la Suisse venait à vendre son gaz en dehors des frontières de la confédération.
Le hic écologique
Mais voilà, les Suisses n'ajouteront peut-être pas tout cet or bleu dans leurs coffres. Le gaz trouvé est du gaz de schiste. Or, son extraction est extrêmement dévastatrice pour l'environnement. Pour y accéder, il faut procéder par fracturation hydraulique (un comble pour du gaz placé sous un lac), ce qui cause fréquemment des dommages irréversibles pour les nappes phréatiques, notamment en raison des produits chimiques utilisés.
Le canton de Vaud, où se trouve le lac Léman, a adopté un moratoire sur l'exploitation du gaz de schiste. Moratoire que les lobbys énergétiques aimeraient abroger grâce à un référendum ou plutôt une votation comme on le dit de ce côté des Alpes. Une association écologiste a tout de suite dénoncé ce qui serait à ses yeux un référendum inconstitutionnel. Nul doute cependant que les lobbys ont plus d'un tour dans leur sac et ne baisseront pas les bras si rapidement. Tôt ou tard, les Suisses seront appelés à faire face à un choix cornélien: faut-il sacrifier l'environnement sur l'autel de la prospérité économique?