Loin de Nina la série télé qui bientôt reprendra du service sur France 2, loin de Grey's Anatomy et de tous les clichés véhiculés, le monde médical va mal.
Mais pourquoi donc se plaignent-ils ?
Départs à la retraite non remplacés, soignants débordés, horaires intenables, heures supplémentaires non payées, et jours de récupération impossible à caser dans le planning parce qu'il "manque quelqu'un". Voilà le quotidien de nos soignants.
À cela s'ajoute, une prise en charge concernant d'autres êtres humains, où il faudrait du temps, où il faudrait des moyens.
Sauf que les restrictions budgétaires, joliment nommées "économie de la santé" ne permettent pas forcément de prendre ce temps et d'avoir les moyens adéquats.Travailler à flux tendu impose obligatoirement une qualité moindre de soin, et c'est comme ça qu'une infirmière nouvelle dans un service arrive à se retrouver seule, dès le deuxième jour avec une aide-soignante, venant elle aussi d'arriver dans la structure.
Si les soignants se plaignent aujourd'hui, ou plutôt si les soignants résistent contre ce qu'on leur impose, c'est surtout pour éviter des erreurs médicales, et la venue de la maltraitance. La lutte des soignants, c'est pour qu'un maximum de patients soient pris en charge de la meilleure façon possible.
Lorsque les soignants se mettent en grève et manifestent, c'est pour éviter des drames, qui dans les conditions actuelles risquent réellement de devenir monnaie courante. Si les soignants s'élèvent, pour protéger leurs conditions de travail, c'est aussi pour protéger leurs patients actuels et à venir
Infirmiers, Aide-soignants, mais pas que...
Bricoleurs lorsqu'un fauteuil roulant est cassé, électriciens lorsque la télévision d'une chambre est en panne, plombiers lorsqu'il n'y a plus d'eau chaude et qu'il faut faire la toilette d'un patient, assistantes-socialesface à certaines situations et problématiques qui dépassent clairement le domaine du soin, un peu psychologue, un peu tout et surtout humains.
C'est là, que ces métiers deviennent difficiles, avec l'Homme, vous ne pouvez pas faire comme avec des machines. Soigner quelqu'un, c'est être en face d'une autre individualité, avec son passé, son caractère, ses refus, ses craintes. Soigner, efficacement, correctement demande du temps.
Infirmiers, Aides-soignants, avec une crainte terrible, celle de la maltraitance.
Celle de ne plus pouvoir répondre à une situation que d'une mauvaise façon. Au-delà du soignant lui-même, les conditions de travail se mettent à imposer cette maltraitance. Involontairement, le soignant se rend pourtant compte que la situation est anormale, mais il n'a pas le choix, piégé entre une direction qui impose et une réalité qui en est totalement différente de la théorie papier.
Dans certaines maisons de retraite, on compte jusqu'à 15 toilettes le matin à réaliser en 7h et 11h, la maltraitance ne commence-t-elle pas tout simplement par le ratio patients-soignants ? Comment s'occuper dignement d'une personne âgée, si ce qu'on demande, c'est un quota d'environ 4 toilettes par heures? Comment écouter son patient, comment prendre le temps d'une prise en charge holistique, humaine et globale si chaque minute est comptée et que le retard sur la journée s'accumule dès 8h du matin ?
Travailler autour des humains, c'est ça aussi. Faire face à l'imprévu, au patient qui décompense, ou au patient qui parfois a aussi besoin d'un peu plus de temps.Alors, n'oublions pas que les soignants, même exténués en fin de journée, ou de nuit sont là pour nous, qu'ils ne connaissent pas les jours fériés, ni les weekends. Il est important de soutenir les professionnels de santé, qui n'hésitent pas à se rebeller contre un système qui certes, les épuise, mais surtout, qui a force devient dangereux y compris pour les soignés.