Manger sain et équilibré,voici la nouvelle promesse en matière de santé. En effet, ce mois-ci a été dévoilé un projet soutenu par notre ministre de la santé, celui de mettre en place un nouvel étiquetage qui nous permettrait, à nous, consommateurs de mieux manger et d'éviter les nombreux pièges que peuvent nous tendre les industriels. Seulement une petite question me vient à l'esprit... Les industriels ont-ils vraiment accepté un projet qui ne leur rendrait pas service ?
Tout d'abord, comment fonctionne ce nouvel étiquetage qui doit nous simplifier la vie ?
Il fonctionne sur une logique plutôt simple, le produit alimentaire pourra aller de la lettre A à la lettre E. La lettre A voudra dire que le produit est sain dans l'ensemble, la lettre E voudra dire que le produit n'est pas sain, ou qu'il est à éviter (trop gras, trop riche en sucre, en sel...). A ces lettres, on associe une couleur, du vert au rouge, A étant vert et E étant rouge. On pourrait donc se dire que ce projet est assez simple et ludique et qu'enfin, nous, les consommateurs nous allons y voir plus clair. Hélas, pour nous, encore une fois, c'est une fausse bonne nouvelle... Vous allez me demander pourquoi et c'est tout naturel !
Logo facultatif ?
Je vais donc répondre à cela. Premièrement on nous trompe parce que cet étiquetage ne sera pas obligatoire, les industriels pourront choisir de l'afficher ou pas.
Alors quel intérêt ? On se doute bien que les haricots verts vapeur seront classés A et verts et que la pizza ou le burger surgelés seront eux, mal classés. Il semble alors logique, que l'industriel produisant les haricots verts voudra afficher le logo mais que celui produisant des burgers ou des pizzas, lui, ne voudra sûrement pas car il n'y va pas de son intérêt.
Pourtant, ce logo judicieusement appliqué, permettrait pourtant à nous, consommateurs, de choisir entre deux pizzas qui nous tentent et de choisir celle avec le meilleur score sur l'échelle nutritionnelle. Une autre question arrive alors, pourquoi notre ministre de la santé (oui oui, santé on a dit), recule-t-elle sur un projet censé réduire le nombre de personnes touchées par le surpoids, l'obésité et donc les maladies cardiovasculaires ?
Il semblerait une fois de plus, que le poids des lobbys sur le ministère ait joué en notre défaveur... Le comité scientifique chargé de ce projet, comportait de nombreuses personnes qui travaillaient aussi en parallèle avec les industries de l'agroalimentaire et avaient de surcroît des conflits d'intérêts. Le lobby de l'industrie agroalimentaire paierai de nombreux élus européens mais pas que, pour qu'ils votent contre les lois en faveur d'un étiquetage plus lisible et donc meilleur pour le consommateur mais moins bon pour leur porte-monnaie. C'est ce qu'indique le rapport de Corporate Europe Observatory, une ONG des Pays-Bas qui nous rend publiques les actions des groupes de pression à Bruxelles.
Le rapport est intitulé " A Red Light for consumer information " ou " Feu rouge pour l'information des consommateurs". Alors, il nous reste une seule question : "Madame, la ministre quand sera-il possible pour nous d'avoir des lois en notre faveur et non en faveur du porte-monnaie des grosses industries"?