Blasting News : Vous venez de boucler un appel au financement participatif de 7 000 euros sur Kiss Kiss Bank Bank pour la Copa America au Chili cet été. A quoi vont vous servir ces fonds ?
Nicolas Cougot : Il y a deux utilités principales pour cette somme. La première est évidemment de suivre la compétition en direct, au quotidien. Nous allons assister à une bonne partie des matchs directement dans les stades. La deuxième correspond à ce que nous aimons bien faire, en général, chez Lucarne Opposée : parler de la culture foot et donc faire entrer nos lecteurs dans l'histoire du Football chilien qui est très liée à l'histoire du Chili, tout court. A ce titre, nous avons prévu toute une série de reportages. Nous avons une voiture à disposition et nous allons nous promener un peu partout dans le pays. Nous sommes trois rédacteurs mobilisés pour couvrir la compétition sur Lucarne Opposée.
Est-ce que vous avez tenté de trouver des financements autres que participatifs ?
L'idée du crowdfunding nous est venue très rapidement après des discussions avec des amis qui avaient déjà utilisé ce moyen pour mener d'autres projets. Ensuite nous avons évidemment aussi cherché à nouer des partenariats avec des grands médias. Mais sans vraiment de conviction. Cela n'a rien donné d'ailleurs. Mais nous restons ouverts à des propositions si jamais notre projet intéresse. Si des médias ont besoin de reporters ou d'envoyés spéciaux pour la Copa America 2015, nous y serons. Nous allons assister, en gros, à la moitié des matchs.
Outre l'intérêt pour la « culture foot », ce qui fait aussi la spécificité de Lucarne Opposée, ce sont les articles sur des championnats dont on parle très rarement en France...
Oui, mais ce n'est pas un positionnement vraiment réfléchi. A l'origine, je me suis lancé sur ce créneau via une passion personnelle. J'ai commencé en 2008 avec un petit blog que je faisais vivre tout seul de mon côté. Petit à petit, ça a pris de plus en plus de place. Au point que, désormais, c'est mon occupation à temps plein. J'ai été rejoint par deux autres rédacteurs. Parmi eux, Bastien est parti vivre en Argentine d'où il propose plein de petits reportages sur le football sud américain.
Et vous arrivez à en vivre aujourd'hui ?
Non. Mais à terme, c'est l'objectif.
Vous traitez de l'actualité des championnats sud-américains, mais vous parlez également d'autres championnats exotiques pour les Français, non ?
Oui, il y des infos sur l'Asie également : Japon, Chine et Corée du Sud également. Mais je dois avouer que depuis quelques temps, c'est une région que j'ai mis un peu de côté. Nous parlons aussi du football australien. Là, pour le coup, c'est un plaisir personnel. Aux débuts du blog, je suis allé sur des forums de supporters australiens avec qui j'ai pas mal discuté. Et, du coup, je me suis pris de passion pour ce championnat. Je m'y suis accroché et j'y ai trouvé beaucoup d'intérêt dans son développement.
On trouve également un peu de foot nord-africain sur Lucarne Opposée.
Ce sont des championnats dont on ne parle quasiment jamais en France. Comment trouvez-vous vos sources d'information du coup ?
Pour l'Amérique du Sud, par exemple, on en parle très peu, voire pas du tout en France. Même en Europe d'ailleurs. Je regarde beaucoup de matchs et pour avoir les dernières infos, je traîne sur les sites internet des clubs et des médias locaux. Par ailleurs, pour l'Argentine nous pouvons offrir une couverture plus complète. Déjà car c'est plus simple d'avoir accès aux matchs et de les suivre depuis la France. Puis, Bastien vit sur place donc il peut fournir des infos rapidement.
Et toute cette expertise n'a jamais intéressé des journaux ou des grands médias sportifs en France ?
Non jamais. Il faut croire que sur les grands français, le traitement de l'actualité du football sud-américain se limite à des brèves. Or, sur Lucarne Opposée, nous n'avons aucune brève. Nos articles sont toujours assez longs. Je sais que nous sommes lus et suivis par plusieurs journalistes qui bossent pour de grands médias sportifs. Mais cela ne dépasse pas le stade du simple intérêt.
Lucarne Opposée m'a toutefois ouvert quelques portes car je passe désormais sur Ma Chaîne Sport pour les rencontres de Copa Libertadores. J'ai aussi fait quelques piges à gauche, à droite mais rien de très important. Cette année, la Copa America sera médiatisée sur Bein Sports mais la compétition n'intéresse pas les autres médias français. Pourtant, il y a un réel intérêt de la part de pas mal d'amateurs de foot dans le pays.
Peut-être que la Coupe sera très spectaculaire cette année et que les médias vont s'en mordre les doigts et que les choses vont ensuite changer...
Oui, surtout que cette année, la compétition est prometteuse. Autant en 2011, par exemple, c'était facile de pronostiquer le vainqueur, autant cette année, elle est très ouverte. Tous les grands joueurs dont on parle beaucoup en Europe vont y participer. Donc, nous, on va faire notre truc de notre côté et tant pis pour les autres !
Rien que sur le premier tour, il y a quelques rencontres spectaculaires programmées : Argentine-Uruguay et la revanche Colombie-Brésil notamment. En Colombie, ils n'attendent plus que ce match-là depuis la dernière Coupe du Monde. La compétition risque effectivement d'être spectaculaire cette année. Les gens qui auront les moyens de la suivre ou même de venir y assister en Amérique du Sud ne le regretteront certainement pas !