"Nous devons dessiner la Coupe du monde du 21ème siècle, cela permettra à plus de pays de rêver". Le discours officiel du président de la Fédération Internationale de Football (FIFA), Gianni Infantino, se veut rassembleur et séducteur. Mais les véritables enjeux sont financiers et politiques.

640 millions de dollars de revenus supplémentaires

Bien évidemment, l'argent est au centre des préoccupations, encore plus à la FIFA. Un mondial à 48 équipes, c'est 80 matchs au lieu de 64. Et qui dit "rencontre de football" dit droit TV, marketing, sponsors etc...Le coût de l'organisation du tournoi sera également en hausse, mais largement surmontable, d'autant que l'idée de "la coorganisation" est mise en avant par Infantino.

Les revenus générés par une telle compétition représentent donc la principale source de motivation des instigateurs du projet, quoiqu'ils en disent. Après tout, si le partage du gâteau est équitable et permet aux fédérations les plus défavorisées de s'enrichir, tant mieux. Mais ce mot "équitable" a rarement été compatible avec la FIFA, notamment sous l'ère Blatter...

Un "coup politique" ?

Avant d'être des "réformistes", les présidents de la FIFA sont avant tout des hommes politiques. Et Gianni Infantino, qui a longtemps été l'homme qui brassait les boules lors des tirages au sort des différentes compétitions européennes de football (bras droit de Platini à l'UEFA) ne déroge pas à la règle. Pour les observateurs, "monsieur propre", comme il est surnommé, ne doit pas se "Blatteriser"...

Intronisé en 2016 suite au départ mouvementé de son prédécesseur (mise en cause dans différentes affaires judiciaires), Infantino a la lourde charge de redorer l'image de la FIFA, associée depuis trop longtemps (à juste titre) à de sombres histoires de malversations financières et d'arrangements. Une mission délicate et prioritaire.

Mais tout homme Politique qui se respecte en constamment en campagne, et a pour objectif de défendre son fauteuil. Infantino doit donc penser à sa réélection tout en renvoyant l'image d'un homme uniquement concentré sur son travail et sur le bon fonctionnement de l'institution qu'il représente.

Les prochaines élections à la tête de la FIFA auront lieu en 2019.

Avec cette coupe du monde à 48 équipes, l'actuel président vient de se mettre dans la poche un grand nombre de présidents de fédérations nationales, et donc de potentiels futurs électeurs. De toute façon, les bénéfices qui seront dégagés par cette compétition sauront certainement convaincre les plus hostiles...

Et l'intérêt sportif ?

Alors, ce mondial à 48 équipes n'a-t-il aucun intérêt sportif ? C'est sur cette question que les avis divergent. Il est évident que pour les amoureux du beau jeu et du football champagne, cette décision est une catastrophe. Les "grands chocs" entre les puissantes nations du football Européen et Sud-américain au premier tour se feront de plus en plus rares. Pour eux, le niveau du tournoi sera sensiblement atteint et les oppositions du style "David contre Goliath" n'ont rien à faire dans une compétition censée regrouper les élites de ce sport.

Se pose aussi la question de l'intérêt des éliminatoires ?

Mais d'un autre côté, d'autres se réjouissent de pouvoir de découvrir de nouvelles nations du football, de nouveaux joueurs et de belles histoires, comme par exemple l'épopée Islandaise à à l'Euro 2016. Les 16 poules de 3 équipes envisagées par la FIFA donneront lieu à plusieurs oppositions inédites, avec une ouverture au monde et aux 211 fédérations désormais recensées.

Ce Mondial à 48 n'a donc pas fini de faire parler. Les responsables vont désormais devoir trouver la bonne formule et se montrer exemplaires quant à la répartition équitable des chances entre les différents continents, sportivement et financièrement parlant.