Il est des histoires qui montrent qu’outre leur surexposition médiatique et les sommes qu’ils brassent, les footballeurs sont bel et bien des gens comme tout le monde. Celle de l’Anglais Jake Livermore, qui pourrait porter de nouveau le maillot des Three Lions ce soir, 1 680 jours après sa dernière apparition en sélection, est de celles-là. Ce n’est pas le seul exemple de rédemption qui nous vient d’outre-Manche (en tête de liste, l’inénarrable Paul Gascoigne), mais celui-ci est particulièrement touchant, de la part de celui qui a disputé l’intégralité des matches de championnat avec le club de Hull City, avant son transfert cet hiver à West Bromwich Albion pour 12 millions d’euros.

Ou comment passer de paria à incontournable.

En mai 2015, Livermore est pourtant plus proche de la fin que du début. Son entraîneur, Steve Bruce, à la tête des Tigers de Hull depuis 2012, et qui a accompagné l’éclosion du prodige formé à Tottenham, convoque Livermore dans son bureau. La raison de cet entretien ? Celui-ci a été contrôlé positif à la cocaïne, et il souhaite lui passer une soufflante, alors que son rendement sur les rectangles verts est discutable depuis de nombreux mois. La Fédération anglaise songe alors à lui infliger une interdiction de terrain pour 2 ans. Livermore laisse éclater la vérité : Il est en dépression depuis 2014, et la mort de son fils quelques minutes après sa naissance.

Dévastés, lui et sa compagne Danielle Del-Giudice ont évidemment accusé le coup. Devant des «faits exceptionnels», la fédération décide d’abandonner les charges.

Livermore remonte alors la pente, jusqu’à faire lever les foules cette année. «Je veux que mes enfants soit capables de regarder ma carrière et qu’ils soient fiere de leur père», explique aujourd’hui au Times le père de deux fils.

«Depuis mon test positif, j’ai travaillé dur pour rendre ma carrière positive», avoue celui qui disait aussi au micro de la BBC : «Rentrer sur la pelouse lors de mon retour a été l’un des plus beaux moments de ma carrière».

Un retour en sélection après 1 680 jours

Depuis, le joueur de 27 ans s’est engagé dans de nombreux combats, partageant son expérience avec ceux qui ont été touchés par les mêmes mésaventures.

Il s’est par exemple rapproché de Harry Arter, un joueur de Bournemouth qui a vécu un tel drame l’année passée, et avait déjà reçu le soutien remarqué de Pep Guardiola à la fin d’un match cette saison (voir ci-dessous). Livermore s’est aussi rendu dans son ancien lycée, où il s’est confronté à des collégiens mis à l’écart pour des problèmes de comportement. «C’est bien de pouvoir aider quelqu’un et de rendre ce qu’on m’a donné», explique désormais celui qui remercie Hull et la fédération de leur soutien.

En sélection, c’est auprès d’une autre grande malade, l’équipe nationale d’Angleterre, touchée par plusieurs scandales après son élimination prématurée en huitième de finale de l’Euro 2016, qu’il devra œuvrer.

A commencer par l’Allemagne, en amical, ce mercredi, avant d’affronter la Lituanie, en qualification pour la Coupe du Monde où les sujets de la Reine Elisabeth figurent pour l’instant à la première place du groupe F.