Comme il l'avait annoncé en octobre, Andrea Pirlo à mit un terme à sa carrière lors du match retour face au Colombus Crew (2-0), une victoire qui ne permettra pas à New York City d'accéder à la finale de conférence Est (3-4 sur les deux rencontres). En ce triste dimanche le football a alors perdu son plus grand amant.
Une carrière riche en succès
Le maestro nous a offert un récital long de 22 ans, un récital qui n'a comporté aucune fausse note.
Andrea Pirlo débute sa carrière à Brescia en tant que meneur de jeu. En 1998 il sera repéré par l'Inter Milan qui ne lui laissera pas suffisamment de temps de jeu.
En effet, le jeune Pirlo n'est pas à l'aise dans le poste de numéro 10 bien qu'il en possède toute les caractéristiques. Il sera un temps prêté au Reggina Calcio avant de faire son retour au Brescia aux côtés d'un certain Roberto Baggio. Ce fut une année charnière pour le futur maestro. Carlo Mazzone, son entraîneur de l'époque, va alors prendre une décision majeure: positionner Andrea devant la défense. Dans cette position, l'italien trouve ses marques et met à profit son talent.
Suite à cette année concluante, le lombard ira en 2002 dans les mains d'un autre Carlo, Carlo Ancelotti. L'entraîneur milanais, père spirituel pour Andrea, sera celui qui utilisera au mieux les capacités de son joueur.
Dans le fameux "arbre de noël" d'Ancelotti, Pirlo en est la base. Le joueur passera 10 ans dans le club rossonero, conquérant tous les trophées possibles. C'est durant cette période qu'il atteindra la coupe ultime avec l'équipe d'Italie: La coupe du monde en 2006. Il éclaboussera de son talent la compétition, en portant la Squadra Azzura jusqu'en final.
Les supporters italiens se souviendront certainement de sa passe décisive pour Fabio Grosso lors de la demi-finale face à l'Allemagne, moment désormais culte pour n'importe quel "tifoso".
Au crépuscule de son histoire avec le Milan, il a souvent été mit de côté par Allegri, ne le voulant plus dans son effectif. De ce fait, il rejoint en 2011 une Juventus en pleine reconstruction.
Il va alors être au centre du projet turinois, portant l'équipe sur ses épaules. Il sera d'ailleurs nommé meilleur joueur de la Serie A par 3 fois (2012, 2013 et 2014). Ses années piémontaises vont garnir son palmarès, le seul regret serait la finale de la Ligue des champions 2015 perdue face au FC Barcelone (3-1). Le maestro partira alors de Turin pour rejoindre les Etats-Unis avant de prendre sa retraite ce 5 novembre.
La beauté du jeu
Andrea Pirlo n'était pas très vif, n'avait pas un physique robuste comme le souhaiterait son poste de milieu défensif, cependant il était intelligent et élégant balle au pied. A lui tout seul, l'italien a presque créé un nouveau profil de joueur, le "regista", un joueur architecte, mettant en place le jeu de son équipe.
Pirlo était le métronome, véritable "quaterback", il distillait des ballons exquis à ses coéquipiers. Son intelligence de jeu faisait qu'il savait très bien où il donnait son ballon, il voyait le jeu avec un temps d'avance. Malgré sa lenteur, il offrait toujours l'assurance de ne jamais pouvoir perdre le ballon et de trouver des solutions là où il n'y en avait pas. Pirlo était aussi reconnu comme un formidable tireur de coup franc, inventant sa propre technique, la "maledetta". C'est une technique se basant sur la frappe de balle de Juninho dont Pirlo a longtemps épié les gestes. La technique consiste à élever le ballon grâce aux trois doigts extérieurs du pied pour faire en sorte que le ballon retombe subitement.
De nombreux gardiens ont été piégés par cette trajectoire inédite. Ces coups franc incarnent le génie de Pirlo.
Comme il le disait: "Le football se joue avec la tête, les pieds ne sont que des outils". Ce précepte reflète ce qu'est Andrea Pirlo, un joueur calme, réfléchi, possédant une science du jeu sans égal. Son touché de balle et sa prestance nous manquera énormément. Nous ne verrons certainement plus un joueur comme lui.