Arash Derambarsh est un avocat au barreau de Paris, il est aussi très engagé dans la cause du gaspillage alimentaire. Une cause qui a d’ailleurs mené à une loi qui vise à réduire les déchets et favoriser l’économie circulaire en 2016. Un combat pour lequel il sera même récompensé la même année pour le Win Win Award, l’équivalant du Prix Nobel pour le développement durable. Ce prix décerné par la ville de Göteborg (Suède), a notamment été attribué à des personnalités comme Kofi Annan ou Al Gore par le passé. C’est également un avocat, sur le devant de la scène médiatique.

Christine Kelly, Pierre Ménès, le footballeur Brahim Thiam ou encore le chanteur Pete Doherty figurent parmi la liste de ses clients. S’il suscite l’intérêt et si son discours est pertinent à cette heure où l’on souhaite libérer la parole des victimes, c’est que les affaires défendues par le cabinet d’Arash Derambarsh sont à 75% des affaires qui protègent des victimes de violences faites aux femmes et aux enfants.

Dans la tourmente, Pierre Ménès, son client, a été placé en garde à vue le 9 décembre dernier, il sera jugé le 8 juin prochain pour agression sexuelle. Dans les grandes lignes, une hôtesse l’accuse de lui avoir touché la poitrine dans une loge du Parc des Princes lors du match PSG-Nantes le 20 novembre 2021.

Aujourd’hui, son avocat sort du silence et dénonce une “fable, la fabrique d’un coupable”. Pour Blasting News, il a accepté de répondre à ces accusations et de nous éclairer sur le vocabulaire juridique extrêmement employé en ce moment dans la presse. Entretien.

La presse people, la presse écrite au sens plus général, les médias sur internet et même la radio font des parallèles entre des affaires qui n’ont parfois rien à voir et surtout, si l’on on se tenait au droit français sont passibles d’amendes et de condamnations.

C’est là qu’entre le terme de dénonciation calomnieuse. Concrètement, quelle est la différence juridique entre des faits de diffamation et de dénonciation calomnieuse ?

D’abord, la diffamation publique dépend du droit de la presse contrairement à la dénonciation calomnieuse qui est une infraction délictuelle, donc un délit. Autrement dit, une infraction qui dépend du Code pénal.

La diffamation publique est une allégation qui porte atteinte à l’honneur ou à la considération d’une personne dans le but de la discréditer en toute mauvaise foi. La dénonciation calomnieuse c’est le fait de porter plainte de façon malhonnête. Ensuite, ce signalement peut faire l’objet d’un classement sans suite par le Procureur de la République, d’une ordonnance de non-lieu par le juge d’instruction, d’une relaxe par le tribunal correctionnel ou d’un acquittement, par la cour d’assises. Lorsque quelqu’un dépose plainte contre vous en toute mauvaise foi et que cette plainte n’aboutit pas, vous pouvez riposter immédiatement par une plainte en dénonciation calomnieuse.

Sur RTL, vous avez sonné ‘la fin de la récréation’ pour les médias souvent à charge contre certaines personnalités publiques visées par des plaintes.

Que pensez-vous du traitement médiatique de certains journalistes ?

Lorsque j’ai fait une intervention sur RTL et concomitamment sur le plateau de l’émission TPMP (C8), c’était effectivement pour sonner la fin de la récréation pour trois raisons. La première, c’est pour la violation du secret d’instruction car beaucoup d’informations fuitaient et cela portait atteinte gravement à ma cliente. Car lorsqu’il y a une instruction pénale cette instruction est couverte par le secret total, la confidentialité absolue. L’objectif étant de protéger les parties et de pouvoir diligenter une instruction afin qu’il y ait une manifestation de la vérité en toute sérénité. La deuxième raison, c’était la pression médiatique.

Dans l’affaire "Ary Abittan", ma cliente a fait l’objet de nombreuses pressions médiatiques suite à son dépôt de plainte, certains journalistes ont essayé de la déstabiliser. La troisième raison, c’est l’atteinte à la présomption d'innocence. Pourtant, la présomption d'innocence reste l’alpha et l'oméga de notre droit. Chacun bénéficie de ce droit et est présumé.e innocent.e jusqu’à ce que cette personne fasse l’objet d’une condamnation pénale définitive. Pour Ary Abittan, celui-ci bénéficie de la présomption d’innocence et il n’a pas a être jeté en pâture. Dans le même temps, il faut aussi et surtout respecter la parole de la victime, chose que j’ai demandé aux médias.

Agressions sexuelles, viol, harcèlement moral … Depuis quelques années, la parole se libère contre toutes les formes de violence.

Toutefois, certains dénoncent aujourd’hui, un tribunal médiatique où la justice semble se faire sur les réseaux sociaux. Qu’en pensez-vous ?

Je suis formellement contre le tribunal médiatique. C’est un phénomène que je dénoncerai toujours car si le tribunal médiatique se met en marche, il conduira à l’échec de la justice, l’échec de l’Etat de droit. Chacun doit se faire justice par des procédures habituelles qui doivent instruire à charge et décharge, par des enquêtes pour permettre de savoir qui est coupable et qui est victime.

On ne peut pas dire tout et n’importe quoi dans la presse pour faire la justice dans les médias. Le risque encourru reste alors que cette personne supposée innocente peut devenir victime.

Victime de cyberharcèlement, d’une dénonciation calomnieuse, de diffamation, d'un torrent de boue qui se déverse sur vous. Comment faire ensuite pour rétablir votre honneur ? Les gens disent ‘de toute façon, il n’y a pas de fumée sans feu, il l’a cherché’ etc. C’est quelque chose qui vous traîne jusqu’à la fin de votre vie sans parler du traumatisme que cela peut procurer. La justice oui ! Se faire justice en dehors des règles habituelles, non.

En revanche, qu’il y ait des dysfonctionnements et des problèmes lorsqu’une femme a déposé plainte et que l’on ne lui propose de faire qu’une main courante, c’est scandaleux et inadmnissible. D’ailleurs, c’est interdit par la loi. Qu’on puisse soutirer des aveux à quelqu’un qui n’a jamais commis quoi que ce soit, c’est révoltant.

Falisifier un PV de police, renvoyer une personne en correctionnel alors qu’elle n’a strictement rien fait pour des faits présumés d’agression sexuelle quand le citoyen n’a rien commis, c’est scandaleux. Je rappelle une chose importante, c’est la personne qui accuse qui doit prouver, ce n’est pas le contraire. Nous ne sommes pas aux Etats-Unis où il existe ce système. En France, c’est seulement si vous accusez quelqu’un que vous devez prouver qu’elle a commis une infraction pénale, et je dénonce tout ça.

Christine Kelly, une des victimes présumées d’Ary Abittan, Pete Doherty, Pierre Ménès, vous êtes aujourd’hui un avocat qui défend des affaires extrêmement médiatisées.

Comment faire face aux sollicitations des médias quand vous entendez dire tout et son contraire sur la Toile ?

Je ne suis pas l’avocat d’affaires extrêmement médiatisées, j’ai effectivement certains clients qui sont des personnalités publiques. Mais j’ai aussi beaucoup d’affaires avec des clients discrets et anonymes. En ce qui concerne les sollicitations des médias et les propos relayés par-ci et par-là en général je laisse faire pour respecter la liberté d’information et d’informer. Cependant, j’interviens toujours quand la ligne rouge est dépassée. La ligne rouge, c’est la dénonciation calomnieuse, la diffamation, ce sont les allégations qui portent atteinte à la considération et à l’honneur de mes client.e.s.

Ce sont les propos très graves qui peuvent être relayés par des gros comptes Twitter ou Facebook et qui jettent en pâture mes clients.

Vous parlez de personnes qui veulent salir votre client Pierre Ménès, il a aujourd’hui déjà perdu la quasi totalité de ces partenariats publicitaires, a quitté Canal + où il a officié pendant de nombreuses années. Peut-on parler ‘d’acharnement’ pour le consultant sportif à l’heure actuelle ?

Oui je parle bien évidemment d’acharnement pour mon client, on essaie de le traîner dans la boue alors qu’il n’y a absolument aucun fondement dans la quasi-majorité des affaires. Ce n’est pas parce que l’on aime pas quelqu’un, qu’on est pas d’accord avec lui, que l’on a le droit de le salir ou lui porter atteinte.

Je note aussi qu’il y a une forte grossophobie à son encontre et cela personne ne le dénote. Il a reçu de nombreuses insultes sur son poids et son physique et cela est inacceptable. Je dénoncerai toujours ces accusations. Moi, 75% de mes affaires sont des affaires de violences faites aux femmes, aux victimes et notamment aux enfants. Si j’ai voulu défendre Pierre Ménès c’est parce qu’il est innocent. Ce n’est pas un agresseur sexuel, ce n’est pas un violeur. Qu’il ait commis des actes inappropriés par le passé, oui, des vidéos l’ont attesté. Mais ce n’est pas quelqu’un qui a commis des infractions pénales comme j’ai pu lire par-ci par-là.

Sur le plateau de Touche pas à mon Poste, une personne qui a accompagné Pierre Ménès pour ce match du 20 novembre 2021 entre le PSG et Nantes au Parc des Princes est intervenue en direct par téléphone et semble être interloquée elle-même par ces accusations. Comment peut-on arriver à deux versions aussi différentes ?

Pour ce fameux match du 20 novembre 2021 au Parc des Princes, match qui a eu lieu à 17h, Pierre Ménès était accompagné systématiquement d’au moins 5 personnes, dont un fonctionnaire de police.

J’ai six attestations, six témoignages de gens qui ont dit qu’ils n’ont rien vu, qu’il n’a rien commis, qu’il ne s’est rien passé. J’ai également déposé une plainte pour dénonciation calomnieuse effectivement alors qu’il n’y a même pas de plainte en face. On se retrouve dans une affaire sans plainte, avec un simple signalement, aucun préjudice, pas de photos, pas de vidéos, aucun témoin. On dit à mon client ‘prouvez que vous n’avez pas commis quelque chose !’. Et bien non, ce n’est pas comme ça que se passe le droit pénal. Si je suis victime, il faut que je montre que je suis victime, que j’ai un préjudice, je dois montrer que c’est cette personne là qui a commis une infraction. Nous nous retrouvons face à un dossier vide et on dit ‘c’est Pierre Ménès’, ce n’est pas ça le droit Pénal et je tordrai le cou à la calomnie.

Comment va Pierre Ménès depuis sa garde à vue ?

Il a été gravement traumatisé avec un sentiment d’injustice. Aujourd'hui, il a sa plateforme “Pierrot le foot”, qui rencontre un grand engouement, cela crée des jalousies. C’est quelqu’un qui a un grand courage, malgré tous les torrents de boue qui lui ont été déversés, il garde la tête haute. Je le dis et je le répète, il n’a pas du tout été viré par Canal+, nous avons signé un protocole d’accord transactionnel où Pierre Ménès a été indemnisé notamment pour le préjudice moral qu’il a subi suite aux torrents de calomnie avec cette fameuse affaire qui n’a jamais été prouvée. On lui a reproché des faits inappropriés dans un documentaire, ces faits n’ont jamais été prouvés, n’ont jamais été étayés. D’ailleurs, Canal+ n’a jamais donné suite à ce genre d’affirmations. Donc il garde la tête haute et il est confiant pour la suite.