Après l'apparition du Punisher dans la saison 2 de Daredevil, les fans de Marvel attendaient avec une grande impatience une série à son effigie. Ces derniers mois, la qualité des séries Marvel n'a fait que baisser et The Defenders n'ont pas pu changer la donne. Individuellement parmi ceux-ci, Daredevil et Jessica Jones restent une agréable surprise bien que Luke Cage et Iron First soient un tant soit peu décevants. Le réalisateur Steve Lighfoot (Hannibal) et sa série The Punisher continuent dans un certain sens à nous montrer les défauts des séries Marvel issues du streaming mais également cette fois-ci à nous proposer de la vraie qualité audiovisuelle.

Un personnage assez complexe

The Punisher, interprété par l'excellentissime Jon Bernthal (The Walking Dead), est un homme sans pitié avec ses opposants et navigue entre la notion de héros et de antihéros. Durant sa confrontation avec Daredevil, ils ne partageaient pas la même idéologie et leur mode opératoire ne plaisait pas à chacun d'entre eux. Suite au meurtre de sa femme et de ses enfants, Frank Castle, l'ancien marine, se lance dans une croisade basée sur la vengeance et compte traquer tous les responsables. Une fois sa quête accomplie par la force brute, il décide de tirer un trait et vit sous une fausse identité. Malheureusement, un élément de son passé va refaire surface, le replongeant ainsi dans son rôle d'antihéros à la recherche de réponses.

Adepte de la violence et des armes, il est loin d'être un tendre. La frontière entre le Bien et le Mal est sans cesse questionnée tout au long des épisodes. Bien que le Punisher soit capable de rentrer dans une rage effrayante et d'abattre à lui tout seul de nombreuses escouades, il montre également par moments, un côté plus doux et fragile.

Cette dualité est omniprésente au cours de cette saison 1.

Une intrigue principale mise en suspend

Le cœur du scénario est un mélange d'intrigues secondaires en complément d'une intrigue principale légèrement mise de côté. Au programme, la CIA et l'armée militaire seront prises pour cibles par Frank Castle à cause de leurs programmes et leurs conspirations illégales.

La série décide de mettre en avant un conflit plus moderne : l'Irak, et d'y proposer des questionnements inattendus. Au départ, on pensait avoir des épisodes entièrement axés sur la violence et les fusillades (telle est l'essence même du Punisher), mais nous nous retrouvons vite face à des situations plus complexes.

Steve Lightfoot met à mal la figure du Punisher et la fait vaciller de son piédestal en soulignant une importante réflexion sur l'Amérique des années 2000. Les sujets utilisés varient et parlent du retour difficile des soldats au pays, du port des armes, des syndromes post-traumatiques. Pour beaucoup de fans, cette approche dénature le Punisher mais fait preuve d'une actualisation non négligée.

L'angle d'approche très axé politique est un choix judicieux.

Une série à potentiel

Vous l'avez compris, les scénaristes adoptent une toute nouvelle manière d'appréhender notre antihéros tout en conservant son côté violent et complexe. Blessures et coups rendus sont au rendez-vous mais également une évolution personnelle sans cesse enrichissante du Punisher au fil des épisodes. Le casting quant à lui, est riche en acteurs talentueux et en personnages qui entourent bien Frank Castle. On pense notamment à son binôme Micro interprété par Ebon Moss-Bachrach (Girls), Dinah Madani par Amber Rose Revah (From Paris with Love) ou encore Billy Russo par Ben Barnes (Le monde de Narnia). En prime, nous aurons quelques apparitions de Karen Page interprétée par Deborah Ann Woll (True Blood) dans la série Daredevil.

En conclusion, durant des années, les séries Marvel nous ont proposé la même construction scénaristique en changeant uniquement le personnage principal. The Punisher se positionne différemment. La série n'est pas basée uniquement sur de l'action, elle mêle à celle-ci de nombreux dialogues qui amènent une progression narrative. Le rythme des séries Marvel de Netflix s'essouffle et semble ne plus changer. Frank Castle s'en tire mieux que ses concurrents (The Defenders) avec une ambiance musicale plaisante qui colle bien au personnage ainsi que des paysages variés. Malgré les défauts habituels des séries streaming, Steve Lightfoot propose une réinvention intrigante du personnage à l'aide d'un casting de qualité et des sujets modernes. The Punisher arrivera-t-il à long terme à balayer cette mauvaise image qu'ont eu ses prédécesseurs ? Une saison 2 en tout cas, est très fortement probable.