Olloix (63) est une petite localité située à 30 km au sud de Clermont-Ferrand qui ne compte que 320 h, et dont le budget ne lui a permis d’envisager de reconduire ‘’la pose de 11 appliques lumineuses’’ comme chaque fin d’année au moment des fêtes. Économie de 1 100 euros (‘’une goutte d’eau face aux besoins, mais il faut bien commencer’’, notait l’adjoint Dominique Fusy dans le dernier bulletin municipal trimestriel). Commencer à économiser oui, mais sans être en mesure de régler près de 145 000 euros au FGTI, le fonds d’indemnisation des victimes.
Ce fonds réclamait 315 000 euros, le tribunal administratif réduisant la somme de moitié le 22 septembre dernier. C’est encore démesuré pour la commune et les maires ruraux du Puy-de-Dôme ont lancé un appel aux petits dons : ‘’si chaque maire versait 25 centimes par habitant, le compte serait bon’’. On peut toujours aussi envoyer un chèque à la mairie. Le maire, Philippe Marc-Chandèze, avait proclamé à la veille du réveillon que sa commune était à vendre… En tout cas, un petit bâtiment de 38 m², rénové, a été mis en vente sur Le Bon Coin pour 36 000 euros.
Un cantonnier handicapé
L’affaire remonte à novembre 2004. Un cantonnier, Daniel Planeix, se voit ordonner de couper l’eau à un débiteur. L’homme, un ex-chauffeur routier proche de la retraite, ivre, le blesse d’une cartouche employée pour la chasse au gros.
Comme l’agresseur est insolvable, le FGTI couvre les frais de l’employé municipal, devenu lourdement handicapé. Puis se retourne contre la commune, car Daniel Planeix, alors âgé de 41 ans, a été blessé dans l’exercice de ses fonctions. L’assurance de la commune refuse de se substituer, la préfecture conseille d’augmenter les impôts.
Pour le moment, Sébastien Gouttebel, maire de Murol, a fait voter une donation de 280 euros. Mais jusqu’à nouvel ordre, seule une douzaine de petites communes ont suivi cet exemple.
Nombreuses communes endettées
De nombreuses petites communes sont endettées et tentent de vendre des biens municipaux. Mais cela vaut aussi pour de plus importantes, comme Courbevoie, Chambéry, Dieppe, et récemment Quimper.
Cette ville bretonne a confié au site Webenchères la vente de matériel réformé, mais aussi une vingtaine de monuments funéraires, et des ornements… à partir de cinq euros. Mais elle mettra aussi des locaux, dont des appartements, aux enchères. Concarneau a déjà vendu son ancienne mairie pour 440 000 euros (un promoteur y aménagera une douzaine d’appartements types 2 et 3). Mais celle de Poudavid, près de Douarnenez, n’a pas trouvée preneur en dépit d’une mise à prix, en novembre 2015, de 20 000 euros (pour 86 m² habitables). Le site Agorastore se spécialise dans la vente aux enchères des mairies, organismes publics et grandes entreprises. On y trouve une dizaine de maisons à partir de 65 000 euros (à Saint-Quentin), un ancien presbytère (Pontorson), une ancienne mairie (Saint-Priest-de-Gimel), une école désaffectée (Vierzon).
Mais aussi des appartements (F3 et F4 à Dinan), des immeubles, dont une clinique, une filature, un ancien moulin à eau, et des tonnes de matériels (voitures, engins, chambres froides, mobilier, piano). Premier prix en Île-de-France, une cafetière, à Rosny-sous-Bois, pour sept euros. Et avec la réforme territoriale en cours, on pourra (pour qui en aurait les moyens) bientôt trouver des hôtels d'ex-régions et peut-être quelques sous-préfectures sur le marché (à moins que ces bâtiments soient transformés en logements sociaux ou centre d'accueil pour migrants).